Prenant acte que sa diversification dans les services ne donnait pas les résultats attendus, Xerox a décidé de se séparer en deux entités distinctes. D’un côté, les services et l’externalisation des processus métiers (BPO en anglais), et de l’autre son activité historique de fabrication de systèmes d’impression. Révélée par le Wall Street Journal jeudi 28 janvier, l’information a été confirmée le lendemain par Ursula Burns, la CEO du groupe. L’activité BPO réalise 7 milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel avec un effectif d’environ 104.000 collaborateurs. L’activité produits (équipements et consommables) pèse 11 milliards de dollars et emploie environ 40.000 personnes. L’opération devrait aboutir d’ici à la fin de l’année.

Ce projet de scission représente un virage à 180°C par rapport à la stratégie défendue par le groupe qui ne jurait jusque-là que par les services. En 2010, Xerox avait en effet racheté la société spécialisée dans l’externalisation de processus métiers ACS pour 5,6 milliards de dollars. Un rachat qui n’a apparemment pas eu les effets escomptés. En recul depuis plusieurs années, le chiffre d’affaires a encore décliné de 7% l’année dernière et les bénéfices ont fondu de moitié en un an (à 488 M$).

Les observateurs n’ont pas manqué de mettre en parallèle ce changement de stratégie et l’arrivée du fond activiste Carl Icahn au capital. Il y a trois mois celui-ci annonçait qu’il détenait 7% du capital – il est monté depuis à 8% – et qu’il souhaitait discuter avec les représentants de la société des améliorations opérationnelles potentielles et les alternatives stratégiques. Xerox assure que sa décision de scinder l’entreprise n’a rien à voir avec la pression exercée par Carl Icahn. Mais on retiendra que ce dernier a tout de même réussi à négocier le pouvoir de nommer trois des neuf membres du conseil d’administration de l’entité qui héritera des services.

Selon la CEO de l’entreprise, cette scission est sensée permettre à l’activité BPO d’investir plus amplement dans l’automatisation de son infrastructure de prestation de services, notamment dans les services cloud, sans avoir à souffrir d’éventuels arbitrages favorables à l’activité produits. « L’activité BPO, qui progresse à un rythme annuel supérieur à 5% [mais qui a reculé de 3% sur l’exercice 2015], a besoin d’être hautement adaptable pour pouvoir répondre à des clients dont les besoins évoluent rapidement », a expliqué Ursula Burns

Interrogés par nos confrères de CRN, les revendeurs de la marque voient plutôt d’un bon œil cette opération. « La scission devrait conduire à des investissements plus ciblés dans les deux entreprises et mettre plus l’accent sur le channel », a résumé l’un d’eux.