À en croire le dernier quadrant magique du Gartner, Microsoft a refait la plus grande partie de son retard sur VMware dans la virtualisation sur x86. Les autres acteurs sont distancés mais Red Hat pourrait émerger.

VMware et Microsoft sont les leaders incontestés des infrastructures de virtualisation sur x86, selon le Gartner qui vient de publier son quadrant magique annuel. Surtout, ils sont les seuls à être rangés dans la catégorie reine des leaders, l’ensemble de leurs compétiteurs, Oracle, Odin (Parallels), Red Hat, Huawei et même Citrix – ex-leader déchu – étant relégués dans celle des acteurs de niche. VMware reste l’acteur de référence avec la meilleure exhaustivité de la vision et la meilleure exécution. Mais Microsoft comble son retard.

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VMware : une croissance de de plus en plus ardue

Avec l’introduction de vSphere 5.5 en septembre 2013, VMware a su maintenir sa domination en termes de périmètre fonctionnel et de parts de marché, ses produits et son support « continuant de donner entièrement satisfaction aux clients », souligne Gartner. Mais ceux-ci restent préoccupés par sa politique tarifaire élevée et son verrouillage technologique. Si la plupart des grands comptes y sont encore réticents, de plus plus d’entreprises moyennes et intermédiaires, moins avancées dans leur processus de virtualisation, migrent vers une solution alternative (le plus souvent Hyper-V) ou en déploie une sur leurs nouveaux datacenters, note Gartner.

Si VMware engrange toujours une croissance honorable, celle-ci devrait être de plus en plus difficile à quérir en raison du taux d’équipement d’un marché proche de la saturation et de la pression sur les prix. Autre menace pesant sur la croissance de VMware : sa part de marché sur les charges de travail déployées dans le Cloud est bien inférieure à celle dont il jouit sur les entreprises sur leurs workloads existants. Or c’est désormais dans le Cloud que se crée le plus grand nombre de machines virtuelles, écrit Gartner. La part des VM déployées dans le Cloud est ainsi passée de 3% de l’ensemble de la base installée en 2011 à 20% en 2014. Pour VMware, l’une des clés de la croissance va être de réussir en tant que Cloud provider et/ou à s’imposer comme partenaire de référence des opérateurs de services cloud , analyse Gartner.

Microsoft en embuscade

Avec Windows Server 2012 R2, Microsoft est parvenu rattraper l’essentiel de son retard fonctionnel sur VMware, estime Gartner. Ce qui pose Hyper-V en véritable alternative à vSphere. Microsoft continue néanmoins de souffrir de la faiblesse de ses outils de management plus complexes à utiliser que ceux de VMware. Autre difficulté pour Microsoft : le parc installé de VMware. « Microsoft parvient certes à gagner un bon pourcentage de nouveaux clients implémentant la virtualisation mais peine à chasser VMware chez ceux qui ont déjà achevé leur processus de virtualisation », écrit Gartner. La gratuité d’Hyper-V reste toutefois un immense avantage, notamment chez les clients ayant une forte proportion de Windows dans leur parc.

Citrix, le leader déchu

Citrix, qui appartenait à la catégorie des leaders en 2012, a été progressivement rétrogradé dans celles des visionnaires puis, depuis cette année, dans celles des acteurs de niche. Explication : Gartner considère que Citrix a cessé d’investir pour rester parmi les leaders, du moins dans la virtualisation de serveurs dans les datacenters. Au lieu de cela, l’éditeur s’est attaché à faire de XenServer un hyperviseur de référence pour les infrastructures cloud, notamment en optimisant l’intégration avec son offre d’orchestration Cloud CloudPlatform (version commerciale de CloudStack), et pour la virtualisation de postes de travail. Gartner considère même que Citrix a fait le choix de sacrifier XenServer au profit d’Hyper-V dans le but de maintenir son business dans la virtualisation de postes de travail.

Gartner note que Xen reste toutefois l’hyperviseur le plus répandu chez les fournisseurs d’infrastructures sous forme de service, au premier rang desquels Amazon Web Services, mais que sa domination commence à être remise en question par KVM, généralement associé à son plus sérieux concurrent dans les outils d’orchestration Cloud open source : OpenStack. Dans la virtualisation de postes de travail, Gartner note que XenApp et XenDesktop reste très largement utilisés mais que vSphere continue d’être plus largement utilisé comme hyperviseur sous-jacent.

Red Hat, l’acteur qui monte

Red Hat continue d’avoir une bonne traction dans cette édition 2015 du Magic Quadrant note Gartner, principalement en raison de l’adoption grandissante d’OpenStack et de son lien avec KVM. Gartner note ainsi que dans la dernière mise à jour (la 3.5) de RHEV (Red Hat Enterprise Virtualization) sa solution de virtualisation (qui inclut l’hyperviseur et la couche de management), Red Hat a inséré deux projets OpenStack (Glance, son service de recherche d’images de machines virtuelles, et Neutron, sa technologie de réseau sous forme de service).

Gartner estime qu’avec un marché RHEL (Red Hat Enterprise Linux) relativement sous-virtualisé et l’essor d’OpenStack, Red Hat bénéficie d’indéniables opportunités de croissance. À telle enseigne que Gartner voit en Red Hat le futur numéro trois de virtualisation de serveurs. Un potentiel renforcé au sein de sa base RHEL et parmi les clients lassés du lock-in VMware. Mais comme Microsoft, Red Hat ne peut pas réussir en se contentant de conquérir les clients qui n’ont pas encore virtualisé leur infrastructure.

Progression de l’open source et des conteneurs

Gartner précise également que ce quadran magique vise à évaluer les offres commerciales sur le marché et écarte donc les solutions 100% open source (full open source software ou OSS), qui représentent environ 25% du nombre total des machines virtuelles et conteneurs en production chez les clients.

Gartner note pour finir que si la vaste majorité des charges de travail x86 sont virtualisées au sein de machines virtuelles, les conteneurs sont en passe de s’imposer comme une nouvelle option en matière de virtualisation. Ceux-ci sont portés par l’émergence de frameworks de développement faciles à utiliser, par la demande grandissante pour les microservices, par la standardisation des conteneurs et par le développement du Cloud en général. « La demande pour les développements agiles et les applications natives Cloud vont favoriser l’allègement des machines virtuelles et des OS et dans le même temps le développement des technologies de conteneurisation, écrit Gartner. Ces dernières devraient être massivement utilisées dans les architectures open source. Des architectures elles-mêmes de plus en plus déployées par des opérateurs Cloud et des entreprises conscientes d’avoir à gérer des architectures de plus en plus multi-virtualisation.