Channelnews a proposé à quelques personnalités de l’écosystème IT de partager trois ou quatre prévisions pour les acteurs du channel en 2017. Voici celles de :

Jack_MandardJack Mandard, CEO de Compubase

Le début de l’année invite à se poser quelques heures et jouer à prendre un peu de recul. Est ce que fondamentalement la situation des partenaires a changé par rapport à l’année dernière ? Toujours le Cloud, toujours le manque de visibilité, toujours plus de paperasse et d’Etat…. A part une petite vaguelette IoT rien de bien nouveau mais pourtant tout change.

Le Cloud tout d’abord. Les partenaires IT, après avoir freiné des quatre fers (sans espoir de faire changer le cours de l’histoire mais juste pour se donner le temps de l’adaptation), rejoignent par horde l’univers des revendeurs de solutions managées. Dans nos bases, ils sont désormais 30 % à déclarer avoir des compétences Cloud quand ils étaient 20 % l’année dernière. Cela représente une croissance de près de 50% en un an.

Malgré le point final des expériences Numergy et Cloudwatt, réabsorbés par leur tuteur respectif Orange et SFR, on ne peut que s’enthousiasmer de la réussite des indépendants : OVH, bien sûr, mais aussi Ikoula et Odrive et bien d’autres. De ce point de vue, on peut dire que la France n’a pas raté son départ dans ce domaine. Or ces acteurs savent que les ESN constituent un pan important de leur croissance et travaillent à adapter leurs offres aux contraintes des partenaires. En 2017, j’anticipe une concentration des acteurs mais aussi une recherche de relais de commercialisation et donc de partenaires.

Comme tout autre secteur se dirigeant vers une maturité, le Cloud va voir la spécialisation prendre de l’importance. Cette spécialisation pourra être métier (ex Médical) ou de compétence technique (IoT). Il est certain que le nombre d’acteurs de niches va se développer. Cette tendance contribuera à la création de valeur qui compensera largement la baisse constante des prix (40 baisses en 6 ans pour Amazon). Sachant que nos enquêtes montrent que les services autour du Cloud sont déjà plus importants que le Cloud lui-même, la connaissance métier ou sectorielle sera la prochaine voie de différentiation (sécurité / médical / retail…)

Le manque de visibilité. Si l’on en croit celui qui quitte le navire (le président Hollande) le « business » s’améliore globalement. Mais c’est moins lié à une augmentation de la demande qu’à un arrêt de la baisse et au fait que les entreprises ont fait leurs « devoirs de vacance », au sens vacance du chiffre d’affaires.

Sur le fond, la visibilité reste vraiment faible, l’impact du Brexit est inconnu. La tendance générale au protectionnisme engendrera des mouvements que nul, sauf bien entendu, nos énarques patentés, ne saurait prédire. Moralité, jamais le terme « agilité » n’aura été autant important. Le point positif, c’est qu’il s’agit d’un concept favorable en soit au secteur IT. Il implique pour les clients de disposer d’outils permettant cette agilité. Le Cloud en fait partie.

Le cadre social reste toujours extrêmement rigide : avec les conventions collective, le code du travail compte 8.000 pages et grossit à un rythme de 100 pages par an…. Comme dirait Gaston « M’enfin ! » L’Etat obèse fait supporter aux entreprises de plus en plus de tâches administratives avec en ligne de mire une nouvelle contrainte légale : le prélèvement à la source. A croire que Sage a des lobbyistes dans tous les ministères. Bien, cette nouvelle contrainte légale est une opportunité à court terme pour les partenaires IT mais un handicap, voire une source de destruction, pour le tissu économique.

Il est peu probable que les élections y changent quelque chose, la France ne sait pas se réformer elle ne sait que se révolutionner. En attendant l’arrivée de cette révolution, il en est une qui s’annonce d’autant plus grande qu’elle se fait en silence : celle de l’IoT, portée par le travail fait sur les normes et les protocoles wifi (basse fréquence, faible débit, longue distance). C’est la bataille qui se joue actuellement. Elle va soutenir l’ensemble de la filière numérique : télécoms, infrastructures, services, software… Le développement des voitures autonomes accentuera la création de nouvelles opportunités.

Alors finalement qu’est-ce qui va changer ? Rien, à moins d’être capable d’être agile et de s’adapter très très rapidement