Le directeur des activités cloud et du centre d’innovation de Neos SDI, société de services spécialisée dans les technologies Microsoft, partage sa vision des opportunités et des menaces que véhicule le cloud.

 

Channelnews : Vous venez de rendre public un livre blanc* sur les opportunités du cloud computing pour les entreprises. Pourquoi ce livre blanc et quels en sont les principaux enseignements ?

Philippe Limantour : Nous avons conçu cette initiative pour démystifier le concept de cloud, valider sa pertinence et affiner notre stratégie en la matière. Ce livre blanc nous apprend par exemple que si le cloud est connu par plus de 80% des répondants dans les directions informatiques, c’est le cas de seulement 13% des directions fonctionnelles. Toutefois, les décideurs fonctionnels qui appréhendent le concept pensent que c’est un bon moyen de passer rapidement d’une idée à sa mise en œuvre ou pour tester de nouveaux services sans prendre trop de risques. De fait, si l’idée ne marche pas, c’est plus facile de tout arrêter avec le cloud que lorsqu’on a investi et pas encore amorti. Le cloud permet également la mise en œuvre de nouvelles applications (BI, mobilté, CRM…) chez des clients qui jusque là n’envisageaient pas de les adopter pour des questions de coûts, de complexité, de dimensionnement des infrastructures, etc. Le cloud devrait ainsi être un des vecteurs du développement de l’intelligence contextuelle qui consiste à rendre accessible à tous la bonne information et plus seulement à quelques personnes clé de l’entreprise. Les entreprises sont assises sur des mines d’informations mais celles-ci sont morcelées et sous-exploitées. Le cloud, qui permet de dégager ponctuellement de grosses capacités de calcul, susceptibles de les traiter.

En incitant les clients à ne plus investir dans leur propre infrastructure IT pour souscrire des services à la demande, le modèle cloud ne constitue-t-il pas une menace pour les prestataires IT ?

 

Philippe Limantour : Il est vrai qu’en mutualisant et automatisant ce qui peut l’être, on s’expose à vendre moins d’infrastructures et à facturer moins de prestations d’exploitation. Rappelons toutefois qu’une grand part de ces tâches sont dépourvue de valeur ajoutée et n’offrent d’autres critères de différenciation que le prix. Cela dit, les systèmes d’information mettront du temps à évoluer. Et il restera toujours des pans d’infrastructures qui resteront chez les clients et sur lesquels il faudra continuer d’intervenir. Mais si le cloud recèle des risques pour les prestataires IT, il est également porteur d’opportunités.

Lesquelles ?

 

Philippe Limantour : Dans le développement logiciel par exemple. Notamment pour porter ou redévelopper les applications métier existantes dans le Saas. Mais également dans les systèmes et les réseaux. Il faudra toujours intégrer les ressources cloud avec les infrastructures existantes ; être capable de tester et valider les services mis à disposition par les fournisseurs ; paramétrer, sécuriser, contrôler les accès des postes de travail (dont le nombre et le type explose) ; unifier la gestion des annuaires et des catalogues pour provisionner et déprovisionner les services ; sécuriser et optimiser la bande passante… Enfin, le cloud va permettre à des petits prestataires qui en ont l’agilité de se proposer des produits et services pour lesquels il n’avaient pas l’expertise jusque là (CRM, bases de données complexes…).

Mais les prestataires IT sont-ils réellement en position de saisir ces opportunités ? Leurs compétences actuelles ne sont-elles pas trop éloignées des expertises requises ?

 

Philippe Limantour : Le cloud remet clairement en question les modèles existants et suppose des stratégies d’entreprise adaptées. Les prestataires IT possèdent déjà l’essentiel des compétences mais plusieurs difficultés se dressent sur leur route. La principale se situe probablement dans la nécessité de disposer de compétences dans tous les domaines à la fois : infrastructures, réseaux, sécurité, développement, solutions métier, conseil… Car de plus en plus, les projets exigent de faire intervenir simultanément ces différentes compétences. Jusqu’à présent, les équipes infrastructures et solutions métiers pouvaient fonctionner indépendamment les unes des autres. Désormais, ce n’est plus possible. Elles doivent impérativement partager un référenciel commun de façon à mettre le système d’information en capacité d’intégrer des services cloud et être coordonnées entre elles. Bien souvent les dimensions conseil, expertise métier et accompagnement au changement manquent chez les prestataires IT. Ces fonctions prennent de plus en plus d’importance car ce sont elles qui permettent d’articuler métier et ressources informatique.

Dans ces conditions, quels sont à votre avis les profils de prestataires qui sont les plus menacés par l’avénement du cloud ?

 

Philippe Limantour : Les entreprises mono-produit positionnées sur des solutions qui basculent en Saas ou qui sont concentrées sur des solutions de commodité de type messagerie, téléphonie, etc. Pour ces entreprises il est impératif de remonter vers des solutions métier et du sur-mesure. Cela suppose d’acquérir des compétences et de pouvoir compter sur des profils de plus haut niveau. Dans ce contexte, je pense que beaucoup de prestataires vont être amenés à disparaître.

 

*« Démarche d’innovation et nouveaux modèles technologiques : le Cloud Computing au service de la compétitivité des entreprises ». Réalisé par IDC pour le compte de Neos-SDI.