En novembre dernier, les douanes américaines donnaient leur feu vert à l’importation de matériel Arista sur le territoire américain, mettant ainsi fin à l’interdiction prononcée cet été par l’International Trade Commission (l’agence fédérale US chargée de vérifier la légalité et l’honnêteté des pratiques commerciales et des importations). Cette interdiction résultait de six plaintes déposées par Cisco concernant certains produits réseaux basés sur ses brevets. Le petit concurrent de la firme de San Jose faisait rapidement savoir qu’il avait modifié le logiciel de ses commutateurs et qu’il estimait que ceux-ci se conformaient totalement à la décision de l’ITC. On pouvait croire l’affaire réglée. Mais le mois dernier, l’ITC surprenait tout le monde en annonçant que deux des six plaintes étaient valides et qu’elle entamait une analyse des autres produits concernés. En attendant, lesdits produits pouvaient être commercialisés. Mais voilà que la semaine dernière, nouveau rebondissement nous apprend CRN, l’ITC a évoqué des « préoccupations » concernant sa décision et fait savoir qu’elle rétablissait jusqu’à nouvel ordre l’interdiction pour tous les équipements. 

Ce nouveau revirement a fait plonger jeudi l’action Arista de 12%. Chez Cisco en revanche on se frotte les mains. « Selon nous ce remaniement (des logiciels) est une supercherie. Si l’ITC convient que ce remaniement ne permet pas d’échapper aux brevets, notre plainte peut se traduire pour Arista par la confiscation de tous les revenus provenant de la vente de ces produits depuis le mois d’août », estime le directeur juridique de Cisco, Mark Chandler.

Dans un communiqué transmis à CRN, Arista indique que les doutes de l’ITC sont exclusivement basés sur des informations transmises par Cisco et que la société n’avait pas encore eu l’occasion de faire valoir ses arguments.

D’autres plaintes sont toujours pendantes. L’une a été déposée par Arista cette fois devant la cour du district de San Jose dans le cadre de la loi antitrust. L’autre émane bien sûr de Cisco qui s’est également tourné vers l’U.S. Patent and Trademark Office d’Alexandra en Virginie, en charge des brevets sur le territoire américain. Le géant de San Jose s’est également adressé à la Cour fédérale de Californie pour obtenir des dommages et intérêts. Cette plainte s’est toutefois terminée par un revers pour lui puisque le jury a estimé qu’Arista n’avait enfreint aucun brevet.

Cisco aimerait se débarrasser d’un concurrent qui non seulement lui fait du tort mais qui, injure suprême, emploie plusieurs de ses anciens salariés, et non des moindres. C’est le cas du CEO Jayshree Ullal et du président du conseil d’administration et co-fondateur Andy Bechtolscheim, d’une partie de l’ingénierie et de quatre membres du board. L’un de ceux-ci, Charlie Giancarlo, a même un temps été pressenti pour succéder à John Chambers en tant que CEO.

Cette affaire inquiète on s’en doute les partenaires d’Arista qui estiment qu’elle les empêche de travailler correctement.