Dans un email interne diffusé cette semaine, HPE a commencé à dévoiler les noms des personnes nommées aux premiers niveaux de management de Newco, la nouvelle entreprise dans laquelle HPE compte transférer ses activités services, préalable à leur rapprochement avec CSC. Parmi ces heureux élus, Pierre Bruno, actuel président de CSC France, pressenti pour prendre la direction générale de la région Europe du Sud de cette nouvelle entité.

Cette nomination est interprétée comme un signal négatif par les quelque 1.400 salariés de HPE France – soit près de la moitié de son effectif total – appelés à travailler sous son autorité à partir du 1er mars prochain, date prévue de leur transfert dans la nouvelle entité. CSC traîne en effet une mauvaise réputation en matière de dialogue social et les salariés transférables s’inquiètent du fait que ce soit un de ses représentants qui soit choisi pour diriger l’Europe du Sud.

Néanmoins, les salariés pourront se consoler en se disant que le dirigeant de l’entité française, qui n’a pas encore été officiellement dévoilé, devrait selon toute vraisemblance être Franck Gentili, actuel vice-président manufacturing, distribution et transports de HP Enterprise services. Autre gage donné aux salariés, Sébastien Pétain, l’actuel responsable des relations sociales de HPE France, devrait lui aussi être transféré au sein de Newco.

Cette défiance des salariés vis à vis de la future politique sociale de Newco est alimentée par les conclusions du rapport d’expertise Sextant commandé par les différents Comités d’entreprise de HPE France en vue d’examiner les justifications économique de l’opération. Dans les motivations de son avis – négatif – rendu le 13 décembre dernier, le comité de groupe relève ainsi que Sextant exprime des doutes sur la pérennité d’OTS (la BU créée début 2016 dans le cadre de la réorganisation d’ES pour éviter des suppressions de postes) à l’issue de la scission, évoque des menaces pesant sur la croissance de la future entité ESF (Enterprise Services France) et pointe des risques sur le transfert des contrats commerciaux d’ES vers ESF…

Au-delà de ces réserves sur la pérennité de Newco, certains contestent le périmètre du fonds de commerce Newco, tel qu’il a été établi. En effet, HPE ne transfère pas toutes ses activités services à Newco. Le constructeur conserve notamment ses services support (TSS) et consulting (TSC) au sein de son entité Technology Services. Un découpage qui prête à interprétation et que HPE est d’ailleurs en train de justifier auprès de la Direccte (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi).

Celle-ci peut encore remettre en cause le fait que le fonds de commerce retenu pour ES constitue une entité autonome, ce qui obligerait à demander au préalable aux salariés s’ils acceptent de rejoindre Newco au lieu de se voir imposer comme le souhaite HPE un transfert de leur contrat de travail en vertu de l’article L1224-1 du code du travail. En pratique, une requalification du projet de transfert par la Direccte ne changerait pas grand chose pour les salariés qui auraient alors le choix entre un transfert ou un licenciement économique à des conditions peu intéressantes pour eux.