Bien que sa restructuration soit achevée, l’ancienne filiale de Neyrial Haute Technologie éclate en quatre morceaux. Un plan de cession suivi d’une liquidation qui se fait toutefois sans destruction d’emploi.

 

Après trois années de lutte pour sa survie et alors que sa restructuration est achevée, Neyrial Grand Est, la filiale distribution d’infrastructures de la société d’édition et de services RFI (via le groupe Yoni), est en liquidation depuis le 15 mars. Philippe Mamy, son pdg, a renoncé est effet à endosser la totalité de son passif de 3,5 M€. Malgré cette issue fatale, il préserve l’essentiel, puisqu’à deux exceptions près, il n’y aura pas de destruction d’emploi parmi les 63 que comptait l’entreprise.

Sous le coup d’une procédure de redressement judiciaire depuis janvier, la société a fait l’objet d’un plan de cession en quatre blocs. Les agences de Grenoble et Lyon (Neyrial 35), qui comptent 20 personnes et qui représentent 2,5 M€ de chiffre d’affaires, viennent d’être cédées à C’Pro, une société de distribution et de services de Valence (26), membre du groupe Euralliance’s et pesant 13 M€ de CA. L’agence de Saint-Etienne (4 personnes – moins de 1 M€ de CA) va dans le giron du clermontois Abicom Informatique (45 personnes, 11,5 M€ de CA), qui a lui-même repris son indépendance l’année dernière après quelques années au sein du groupe Neyrial Haute Technologie.

Quant aux agences de Dijon (ex-Neyrial 21) et Besançon (ex-Neyrial 25), qui comptent respectivement 12 et 22 salariés (pour 2 et 3,5 M€ de revenus), elles restent dans le groupe mais à titre minoritaire. La première a été rachetée par la société d’intégration réseaux et télécoms strasbourgeoise Atelio, dont le groupe Yoni détient 40% du capital. La seconde est désormais la propriété de cinq de ses anciens salariés, via la société Adeo Informatique, dont Groupe Yoni a pris là encore 40% des parts.

« Avec Atelio et Adeo, l’objectif est de préserver les synergies groupe même si RFI n’est plus majoritaire », commente Philippe Mamy. De fait, s’il n’est plus gérant, ce dernier reste impliqué dans Atelio et Adeo en tant que directeur général. « Je suis dans une perspective de stratégie d’accompagnement, précise-t-il. J’apporte ma connaissance du marché informatique et mes relations avec les fournisseurs ».

Interrogé sur les causes de l’échec du redressement de Neyrial Grand Est, Philippe Mamy invoque la crise de 2008-2009. « Au moment du rachat [pour l’euro symbolique] en décembre 2007, l’entreprise réalisait 70% de ses revenus dans les activités de négoce, dont une bonne partie sans valeur ajoutée. Mon objectif était de repositionner l’entreprise sur les services en les faisant remonter rapidement à 50% du chiffre d’affaires. Mais ce passage à la distribution valeur et aux services a été plus long et plus coûteux que prévu ».

En septembre 2009, il décide de placer la société en procédure de sauvegarde. Un sursit qui lui a permis d’achever sa restructuration et de revenir à la rentabilité. La société était donc viable mais entravée par une lourde dette « C’est la raison qui m’a conduit à renoncer à poursuivre l’activité », indique Philippe Mamy qui estime le remboursement du passif aurait été « incompatible avec une exploitation sereine ».

Philippe Mamy tient toutefois à souligner que cette liquidation ne met en péril ni RFI, ni le Groupe Yoni qui, en tant que créancier, absorbera environ un tiers du passif constaté. « RFI se recentre sur son activité d’édition et de services associés », annonce-t-il. Et de préciser qu’il ne renonce pas à développer son activité en visant d’une part des opérations de croissance externe dans le commerce spécialisé – RFI est spécialisé dans l’équipement des bijouteries – et d’autre part en misant sur l’internationalisation. Il vient pour cela de créer une structure dédiée, baptisée Odeis.

 

Rectificatif : Dans la version initiale de cet article, nous avons présenté à tort Abicom comme faisant encore partie du groupe Neyrial Haute Technologie, ce qui n’est plus le cas depuis un an.