Alors que la croissance du marché des services informatiques reste proche de zéro, le grouope Neurones continue d’afficher une santé insolente. Les explications de son directeur général, Bertrand Ducurtil. 

Channelnews : Neurones a encore affiché l’une des meilleures perfomances de son secteur sur la période juillet-septembre avec une hausse de 8,1% de ses facturations (et de 8,3% sur les neuf premiers mois de l’année). Le groupe précise qu’il s’agit de son treizième trimestre consécutif de croissance soutenue. Or le marché fait à peine mieux que zéro depuis plusieurs trimestres. Comment expliquez-vous que Neurones superforme systématiquement le marché depuis des années ?

Bertrand Ducurtil : C’est lié à notre structure très décentralisée : le groupe est constitué d’une quinzaine d’entités très spécialisées capables de prises de décisions rapides. Le groupe bénéficie également de la stabilité de ses dirigeants et managers. Beaucoup nous ont rejoint via des opérations de croissance externe et sont restés car ils sont intéressés au capital de l’entité qu’ils dirigent. Tous ces éléments permettent une bonne exécution dans la durée. Autre facteur de performance, le groupe n’exerce pas de métiers d’hier.

Que voulez-vous dire par métiers d’hier ?

Bertrand Ducurtil : Je pense à des métiers en déclin comme la maintenance hardware, l’exploitation de sites centraux ou même la distribution de gros serveurs. Ce sont des sociétés comme les nôtres désormais qui achetent ces infrastructures pour faire tourner les Clouds des clients.

Neurones a donc une activité Cloud ?

Bertrand Ducurtil : oui, depuis sept ans. Trois entités du groupe se sont positionnées sur le Cloud : Intrinsec, Neurones IT et RS2I. Les deux premières ont bâti des Clouds privés mutualisés tandis que la troisième, spécialisée dans l’intégration d’applications complexes (BPM, ECM…) réalise des Clouds privés dédiés pour ses clients. Le Cloud représente actuellement 5% à 10% des revenus du groupe.

Sachant que Neurones réalise 70% de son activité dans les services d’infrastructures, vous ne pensez pas que le Cloud risque un jour de menacer votre métier traditionnel ?

Bertrand Ducurtil : Le Cloud ne représentera jamais plus de 15 ou 20% des budgets clients. Certes, il est est probable que le Cloud finisse par peser pour une part conséquente du business des infrastructures physiques. Mais, une fois les infrastructures mises en place, il reste encore à les administrer, mais aussi à intégrer et gérer les applications, à supporter les utilisateurs, etc. Le Cloud permet de gérer les serveurs de manière plus productive et donc d’y consacrer moins de ressources. Mais du coup, cela nous permet d’augmenter la taille des infrastructures que nous prenons en infogérance. L’avènement de la mobilité fait qu’il y a plus de terminaux toujours plus protéiformes à gérer dans les entreprises. Du coup, nous ne sommes pas inquiets sur le fait qu’il y aura de plus en plus d’activité pour les sociétés de services sous réserve de ne pas se fossiliser. Ainsi, le Cloud, c’est une vague qu’il fallait prendre il y a cinq ans. Aujourd’hui, d’autres vagues technologiques sont là. Ce qui risque néanmoins de souffrir, c’est l’intégration de grands projets avec une part prépondérante de développement sur mesure. Ce qu’il faut prendre en considération aussi, c’est que les marges sont de plus en plus challengées et que le métier est de plus en plus industrialisé.

Après le Cloud, quelles sont ces nouvelles vagues technologiques qui alimenteront la croissance de demain ?

Bertrand Ducurtil : Comme je le disais à l’instant, il y a la mobilité. Les équipes infrastructures intègrent ces nouveaux média au parc IT et les équipes applicatives se mettent au « responsive design » pour adapter les applications à leurs caractéristiques. Le groupe se développe également dans le marketing digital, notamment via ses entités Axones, RS2I et Finaxys.

Vous faites en sorte de fidéliser vos managers. Qu’en est-il de vos salariés ?

Bertrand Ducurtil : Avec un turnover compris entre 10 et 20%, nous ne sommes pas différents des autres sociétés de services. Le turnover reste consubstantiel au métier. Nous avons l’avantage d’avoir beaucoup de jeunes. Notre moyenne d’âge est est de l’ordre de 34 ans. Mais il est vrai qu’actuellement le turnover est plutôt bas à environ 11%. Cela dit nous avons démarré une démarche de responsabilité sociale d’entreprise et le fait sérieusement. Au point que le groupe figure dans le top cinq du Gaïa Index* de sa catégorie. On a notamment beaucoup travaillé à limiter les déplacements de nos collaborateurs entre leur domicile et leur(s) lieu(x) de mission.

Votre rythme de croissance vous conduit à créer 300 à 400 emplois nets par an ce qui vous a valu de passer récemment la barre des 4.000 salariés. En 2014, vous devriez procéder à 1100 recrutements, l’essentiel des postes se situant en l’Ile-de-France, en Pays de la Loire, en Provence-Côte d’Azur et en Rhône-Alpes. Pourquoi encore si peu de recrutements dans le Nord et l’Est ?

Bertrand Ducurtil : Tout simplement parceque 90% de notre activité est encore concentrée en Ile-de-France. L’agence de Lille, qui a juste un an, est encore en cours de montée en charge. Et on n’a pas encore une grande activité dans l’Est. Mais les régions sont un espace de croissance important pour l’avenir.

Comment voyez-vous l’année 2014 ?

Bertrand Ducurtil : Nous n’avons pas encore fait de publication pour 2014. Mais je ne m’attends pas à des chiffres marché extraordinaires, sachat que le la croissance du PIB risque d’être proche de zéro.

*l’indice de développement durable des valeurs moyennes