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LTE M, une pierre dans les jardins de Sigfox et LoRA

En adoptant LTE M, Orange et une poignée des plus grands opérateurs mondiaux accélèrent le déploiement de l’Internet des Objets sur les infrastructures cellulaires. Ils prennent pieds de façon plus rapide et opérationnelle dans le monde de l’internet des objets et balisent le terrain pour la 5G.

Lors d’une présentation de cette annonce à MWC, le discours était clair : « Choisir LTE M, c’est faire confiance à une solution standard, normalisée, sécurisée, adoptée par de nombreux opérateurs, même si elle n’est pas encore complètement aboutie. Les industriels ou les organisations qui se lancent dans la mise en place de réseaux IoT en s’appuyant sur LTE M sont assurés d’une approche globale et d’être accompagnés pour faire grandir et évoluer leurs applications facilement au fur et à mesure qu’elles monteront en puissance… ».

Cependant, l’arrivée de LTE M, alors que tout le monde parlait de NB-IoT contribue à accroitre un peu plus la confusion dans le brouhaha crée autour de la mise en œuvre de l’Internet des Objets et de l’arrivée lointaine, mais déjà très médiatique de la future 5G… Elle est le reflet des clivages, des mouvements de fond et des tactiques qui se jouent sur ces deux énormes marchés en émergence, tous les deux liés,  basés sur Internet et des infrastructures sans fil existantes ou à venir, tous les deux plus ou moins ouverts à la compétition, tous les deux plus ou moins réglementés, tous les 2 ayant des répercussions directes et multiples sur la vie quotidienne de milliards de gens sur la planète.

Préempter rapidement en s’appuyant sur l’existant

En effet, prendre LTE M et non pas NB IoT est significatif d’une option tactique soigneusement choisie.  En effet  déjà connue aux yeux d’un public un peu sensibilisé, NB IoT représentait déjà une norme ratifiée par le 3GPP pour l’Internet des Objets dans la 4G et la transition vers la 5G, … En s’associant pour choisir LTE M,  9 des plus grands opérateurs du monde (AT&T, Verizon, Orange, KDDI, KPN, Docomo, Telefonica, Telstra et Telus)  défendent d’abord leur rôle sur la 5G à venir et prennent pieds de façon opérationnelle dans l’Internet des Objets avec une approche commune, directement applicable à moindre coût sur l’infrastructure existante, et rapide à mettre en œuvre auprès de leurs clients existants, entreprises, collectivités et grandes organisations internationales.

Cette décision est à la fois destinée à mettre facilement le pied à l’étrier des grands opérateurs et de marquer le terrain dans l’évolution vers la 5G  face à d’autres standards. LoRa autour de LoRa Alliance développe une approche standard dont le mode développement se rapproche de celui du WiFi. D’autres opérateurs, comme Sigfox, utilisent un réseau et une technologie propriétaires, ou comme Ingenu, dont l’approche propriétaire se fait sur la bande de fréquence non licencié du 2,4 GHz. Cette fréquence communément utilisée par le WiFi fut longtemps la bête noire des opérateurs. Il fallait mettre un terme à l’idée (trop répandue selon les opérateurs) que l’Internet des Objets pouvait avoir une vrai vie en dehors de la 5G… La voix et les données resteront ensemble pour l’éternité, mais c’est la voix qui continue de mener la danse.

LTE M Versus NB IoT…

Dans la prise en compte de l’Internet des Objets pour l’évolution du LTE et la transition vers la 5G, le 3GPP a aujourd’hui ratifié ce qui est appelé la Release 13 finalisée au printemps 2016  qui a permis la mise en place de 2 nouveaux standards technologiques poussés par des groupes différents participants au travaux du 3GPP. L’un est CAT M1 ou encore LTE-MTC (aussi appelé LTE-M), et l’autre est appelé NB-IoT.. Ils  permettent une mise en place standardisée d’applications M2M sur les réseaux cellulaires, selon des modalités légèrement différentes. Ceci pouvait créer une certaine fragmentation sur le marché et c’est pour des raisons économiques et pour éviter la fragmentation que les 9 opérateurs se sont associés, créant un effet de marché important.

Les Opérateurs ont choisi LTE-M pour plusieurs raisons qui prennent leur racines dans les quelques différences techniques entre ces 2 standards et surtout dans des objectifs économiques liés à leurs solutions proposées. Tout d’abord, LTE M est complètement ratifié alors que NB-IoT, plus récent et peut-être plus souple ne l’est pas complètement. Il le sera avec la Release 14 qui devrait être finalisée en 2018. LTE-M répond mieux à 3 critères clés : le coût des appareils, la consommation énergétique et la couverture. Il supporte la majeure partie des équipements mobiles dont il reprend les fonctions (confidentialité, identification des utilisateurs et des équipements, intégrité des données) et coexiste avec la 2G, la 3G et le LTE sans modification des stations de base, autre qu’un téléchargement de logiciel…

Il est basse consommation en upload et download, mais NB IoT offre une plus basse consommation pour les upload de données limitées. Contrairement à NB-IoT, Il supporte les applications vocales et son débit maximum à 375 Kbps est sensiblement supérieur, mais il consomme plus de spectre. NB-IoT n’utilise pas complètement LTE et fonctionne séparément sur une bande unique qui nécessite des nouveaux modems, certes beaucoup moins chers, mais il risque de retarder les temps de déploiement. NB IoT semble cependant plus flexible pour s’adapter à des redéploiements sur des fréquences moins riches en spectre disponible.

Accélération des déploiements en 2017

En conclusion, LTE-M et NB IoT ont fait à peu près jeu égal pendant quelque temps et les opérateurs ont finalement donné la préférence à LTE-M sur un scénario de montée en charge des installations de M2M plus institutionnelles parmi les grandes entreprises, les villes et les grandes flottes. Orange, qui affirme une complémentarité entre LTE M et LoRa, déjà déployé dans 60 projets B2B et de nombreuses villes, vient d’ouvrir un LTE M Open IoT Lab, une sorte de société de service pour ses clients ou partenaires et indique commencer des déploiements de LTE M en Belgique et en Espagne sur ses infrastructures 4G existantes.