Pour sa dixième année d’activité en France, l’opérateur de «data centers» TelecityGroup marque sa différence avec un accord de GPEC (gestion prévisionnelle des emplois et des compétences). Une démarche plutôt rare parmi les PME, qui, selon le DG France, Stéphane Duproz, devrait faire école dans le secteur IT.

ChannelNews : A l’heure où d’autres mettent en exergue leur engagement sur le cloud computing et autres percées technologiques, pourquoi faites-vous un argument concurrentiel de l’accord GPEC conclu en juillet dernier avec les délégués du personnel ?

Stéphane Duproz : Cette démarche de GPEC n’a en effet rien d’obligatoire, et elle est peu courante dans les entreprises de moins de 50 salariés. A l’époque où nous en avons lancé l’idée, nous étions 38. Nous sommes 45 aujourd’hui. Dont 80% d’exploitants techniques. Qui dans leur quasi-totalité, sont en contact avec les clients. Pour TelecityGroup, la qualité du service au client repose clairement sur le degré de satisfaction du personnel. D’où l’accent mis sur divers aspects de la gestion tels que le respect des compétences de chacun, allant de pair avec zéro discrimination, le management participatif , et l’importance accordée à la santé et à la sécurité au travail qui se concrétise aujourd’hui par une certification ISO OHSAS 18001. L’accord de GPEC conclu cet été va dans ce sens, en formalisant cette volonté de communication permanente avec le personnel, tant en termes d’organisation du travail et de reconnaissance des responsabilités, plan de formation à l’appui, qu’en termes de salaires.

ChannelNews : Concrètement qu’est-ce que cela change pour vos collaborateurs, à court et à moyen terme?

Stéphane Duproz : Par exemple, un point anecdotique mais bien concret : tous les postes de management ouverts depuis trois ans au sein de TelecityGroup France ont été pourvus par promotion interne. La GPEC comporte aussi un volet accompagnement des seniors, avec gestion de la seconde partie de carrière pour les plus de 45-50 ans, sachant qu’une partie des exploitants, chez nous, affiche près de dix ans d’ancienneté.

ChannelNews : Plan de formation, entretien annuel, progression salariale : en quoi est-ce si différentiateur ?

Stéphane Duproz : Cela est différentiateur dès l’embauche : chaque salarié est formé à notre mode de fonctionnement, concernant –bien sûr- l’infrastructure du data center, mais aussi la démarche Santé et Sécurité au travail et la gestion des risques. J’ajoute que la rémunération de tous les salariés, exploitants techniques ou commerciaux, comporte une partie variable qui va jusqu’au tiers du montant global. L’entretien bisannuel est d’autant mieux vécu qu’il est formellement lié aux actions de formation, aux priorités données au travail de l’année, donc aux objectifs qui peuvent générer des augmentations de salaires. Cela est différentiateur dans un secteur où l’on pense prioritairement à la qualité des infrastructures et, où curieusement, à mon avis, l’on entend rarement parler de l’implication du personnel. Sachant pourtant que, dans notre métier, les problèmes techniques rencontrés sont souvent liés à des erreurs humaines.

ChannelNews : Les clients sont-ils sensibles à cet argument GPEC et pensez-vous qu’il puisse faire école parmi les PME du service informatique ?

Stéphane Duproz : Je suis surpris, non pas du fait que les clients soient sensibles à l’accent que nous mettons sur la gestion du personnel, mais parce qu’ils sont plus nombreux qu’on le pense à avoir compris que, dans la relation de service, cela est littéralement critique. Si c’est duplicable en l’état? Une chose est sûre : la GPEC est une démarche volontariste; une fois l’accord signé, il faut le faire vivre, en parler, améliorer. Je recommanderais vivement aux PME du secteur de s’y mettre.

(*) Pour rappel : TelecityGroup, dont le siège est à Londres, pilote 23 data centers dans sept pays d’Europe, dont trois en Ile-de-France.