La 4G fixe (ou LTE fixe) comme alternative temporaire à la fibre optique se précise dans les zones les plus difficiles d’accès. Le 21 juin, l’Arcep a annoncé sa décision de réserver des bandes de fréquences (3,4 Ghz) à la 4G fixe en précisant que l’attribution aux opérateurs devrait être une question de semaines. Une annonce qui intéresse les nombreux départements ruraux soucieux de fournir une vraie solution d’Internet haut débit à leurs usagers durablement bloqués sous la barre des 8 Mbps. Or, malgré le Plan France Très Haut débit, qui vise à couvrir l’intégralité du territoire en très haut débit d’ici à 2022, un pourcentage non négligeable de la population devrait en rester privé à cet horizon.

C’est ce que vient de montrer l’Idate et le CNES dans une étude présentée par la FIRIP (Fédération des Industriels des Réseaux d’Initiative Publique) à l’occasion d’un colloque qui s’est déroulé le 4 juillet à Paris à l’issue de son assemblée générale en présence de 200 participants. En analysant l’ensemble des 100 projets de déploiement de RIP déposés à ce jour, l’Idate et le CNES ont mis en évidence qu’en 2022, 5,1 millions des 36 millions de locaux répertoriés en France (14%) n’auront qu’un accès internet limité à moins de 30 Mbps et 1,9 million (5%) seront même encore sous la barre des 8 Mbps (3% si l’ont ne tient compte que des locaux qui seront sous les 8 Mbps à la fois en fixe et en mobile). La FIRIP milite donc pour qu’une solution alternative soit proposée à ces exclus du haut débit en attendant que la fibre se déploie jusqu’à eux.

La 4G fixe – à ne pas confondre avec la 4G mobile – présente l’avantage d’offrir des débits Internet performants – les expérimentations en cours parviennent à garantir 30 Mbps – et stables, souligne Hervé Rasclard, directeur général de la FIRIP. Des débits qui autorisent le triple play (internet, téléphonie, TV, y compris en TV 4K). Le temps de réponse est comparable à celui de la fibre optique ou du cuivre haut débit (VDSL), rendant possibles les jeux en réseau ou les usages professionnels en temps réel, précise la FIRIP dans un dépliant à destination des collectivités. Il est également possible de garantir des débits symétriques élevés pour les entreprises. Un réseau 4G fixe peut également connecter à internet les objets installés sous sa couverture radio.

Autre intérêt de la 4G fixe, elle se déploie rapidement. Quelques semaines suffisent au déploiement d’un réseau à l’échelle d’une communauté de communes et une douzaine de mois à l’échelle d’un département. Dans les endroits où des pylones Wimax sont déjà déployés, cela peut aller encore plus vite. Une vingtaine de départements seraient tentés de s’équiper rapidement en antennes LTE fixe, selon Hervé Rasclard qui s’appuie sur les remontées terrain des opérateurs spécialisés dans les réseaux radio tels que NomoTech, Alsatis, Xilan ou Infosat. Les plus enthousiastes sont les départements déjà couverts en réseaux Wimax tels que la Haute-Garonne ou la Seine-et-Marne. Sans attendre l’attribution des bandes de fréquences par l’Arcep, la Seine-et-Marne avait ainsi engagé un projet d’équipement de 750 communes représentant une vingtaine de milliers de foyers. Le département prévoit de déposer une demande d’autorisation d’exploitation de son réseau dès septembre pour une mise en service d’ici à la fin de l’année.

La bande de fréquences 3,4 Ghz étant désormais affectée à l’aménagement numérique du territoire, il reste à intégrer concrètement la 4G fixe au Plan France THD, notamment en assurant aux collectivités le financement des infrastructures. Une délégation représentant les acteurs des Réseaux d’Initiative Publique (FIRIP et AVICCA) a été reçue à ce sujet ce 13 juillet par Julien Denormandie, Secrétaire d’Etat auprès du Ministre de la Cohésion des territoires, Benjamin Griveaux, Secrétaire d’Etat auprès du Ministre de l’Economie et des Finances et Mounir Mahjoubi, Secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre. Cette réunion devait notamment servir à préparer la première édition de la « Conférence des territoires » qui s’ouvre ce lundi 17 juillet.