L’accord signé voici deux ans entre Dell et Nutanix résistera-t-il à la fusion entre le constructeur texan et EMC ? C’est la question que l’on est en droit de se poser, d’autant qu’après avoir signé une alliance avec Lenovo, le spécialiste de l’hyperconvergence, négocierait en ce moment un partenariat avec le concurrent Cisco. Cisco qui rappelons-le a par ailleurs signé cet hiver un accord de coopération avec Springpath, start-up qui développe elle aussi une technologie d’hyperconvergence.

Selon CRN, qui révèle l’information, les logiciels de Nutanix pourraient bientôt faire leur apparition sur les serveurs UCS de l’équipementier. A en croire les différents sources qui ont fait cette confidence à nos confrères, les deux entreprises régleraient en ce moment quelques points de détails en vue d’une annonce à la rentrée. L’accord viserait également l’intégration de la technologie d’hyperconvergence de Nutanix avec la solution SDN (Software Defined Networking) ACI de Cisco. Tout ceci pourrait être considéré comme un véritable casus belli par le Texan.

Interrogé par CRN, un haut responsable de Dell, qui préfère curieusement conserver l’anonymat, a concédé qu’une alliance de Nutanix avec Cisco pourrait compliquer les choses. « Nous conserverons des relations avec Nutanix. Toutefois, comme vous vous en doutez, l’importance stratégique de cette relation pourrait être impactée. »

Il aurait pu ajouter qu’un autre élément peut changer la donne : VxRail, l’appliance hyperconvergée développée par VCE en partenariat avec VMware. Or comme on le sait, abandonnée par Cisco, VCE est entrée dans le giron d’EMC. L’ancienne joint-venture entre les deux entreprises est même dirigée par le patron de l’ingénierie des systèmes chez EMC, Chad Sakac. Dès la fusion entre le spécialiste du stockage et le constructeur, VxRail fera partie intégrante du portefeuille de la future entité Dell Technologies. Il y aura donc une concurrence directe avec Nutanix. Et pour ne rien arranger l’hyperviseur Acropolis de cette dernière s’attaque directement à vSphere de VMware.

Tout cela ne semble pas inquiéter l’entourage de Nutanix. « Certains clients de Dell souhaitent une liberté de choix pour utiliser Hyper-V ou Acropolis et je vois la relation avec Nutanix se poursuivre malgré cela. La seule chose qui pourrait remettre en cause le partenariat OEM entre Dell et Nutanix c’est si Nutanix est acquis par un des principaux concurrents de Dell », a ainsi expliqué à CRN un partenaire de la start-up. Justement, certains estiment que l’accord entre la jeune pousse et Cisco pourrait être un prélude au rachat de la première par le second. Il y a un peu plus d’un an, la firme de San José aurait déjà fait deux offres pour s’emparer de Nutanix, alors valorisé aux alentours de 2 milliards de dollars. La plus intéressante de ces offres atteignait 4 milliards de dollars. L’affaire ne se fit pas car Nutanix estimait valoir entre 6 et 7 milliards de dollars. De plus en plus déficitaire et en attente d’une hypothétique introduction en bourse, la « cloud company » pourrait aujourd’hui se montrer moins gourmande