Depuis le rachat par Thoma Bravo fin 2014 et sous l’impulsion de son nouveau CEO Chris O’Malley, Compuware a engagé une véritable renaissance en rapprochant l’environnement du mainframe des outils les plus modernes.

Créé en 1973 et né avec le mainframe, Compuware est un des plus vieux éditeurs de logiciels indépendants. Son premier produit, Abend-AID, qui permettait de détecter les bugs et de suggérer des corrections, était devenu un standard du marché. De nombreux produits ont suivi, tous destinés à l’environnement mainframe.

Après avoir convaincu Thoma Bravo de procéder à l’acquisition de Compuware et notamment que l’édition logicielle en environnement avait un avenir, Chris O’Malley a engagé la réorganisation de l’éditeur dont la première étape a été de le séparer en deux activités largement indépendante, celles de Compuware intimement liées au mainframe IBM (zSeries) et celles liées à Dynatrace dans la gestion de la performance des applications (APM ou Application Performance Management). « Nous sommes redevenue une société privée un peu par défaut et non par dessein », explique Chris O’Malley mais cette situation nous a permis de lancer une nouvelle entreprise, une sorte de “startup mainframe”. On n’aurait sans doute pas pu faire ce qu’on a fait aussi vite si on était restée une entreprise cotée. Et pendant ce changement radical, quasiment tous les salariés en place sont restés dans l’entreprise. »

Redevenue indépendante et centrée sur cœur de métier, Compuware s’est alors lancée dans un renouveau complet de son positionnement. L’objectif de Chris O’Malley était de redonner un coup de jeune aux mainframes et les doter des outils et des méthodes les plus modernes correspondant à ceux avec lesquelles les jeunes développeurs sont habitués à travailler. Notamment, les méthodes traditionnelles de type Waterfall (Cascade) doivent dans l’esprit du CEO laisser place aux méthodes agile et aux approches DevOps. Sachant que, par ailleurs, une proportion importante de spécialistes den environnements mainframe sont des baby boomers qui ont déjà ou vont prochainement prendre leur retraite et emporter avec eux leur expertise. « Les mainframes doivent être exactement comme les autres platesFa-formes » affirme Chris O’Malley, et doivent intéresser autant les jeunes générations de développeurs. D’autant qu’ils font tant de choses beaucoup mieux que les serveurs x86, la virtualisation par exemple. De même, les compilateurs Cobol, qui sont des merveilles d’ingénierie, sont là pour rester ».

Les freins au développement des mainframes selon Compuware

  • Le déclin de l’expérience et de l’expertise interne en matière de programmation mainframe ;
  • La documentation inadéquate des applications mainframe ;
  • Le manque de fiabilité du code source existant ;
  • La lenteur des processus de conduite du changement, qui reposent de façon excessive sur des analyses manuelles des programmes et/ou sur les connaissances singulières d’experts métiers clés (SME – Subject Matter Experts) ;
  • Les risques business liés aux changements réalisés dans un environnement aux dépendances et aux impacts complexes et mal appréhendés ;
  • La faible collaboration entre les développeurs mainframe et non-mainframe.

Si le DevOps ne va pas au mainframe, c’est le mainframe qui ira au DevOps

Le premier produit de cette renaissance est Topaz, plus exactement Topaz Runtime Visualizer, qui fait ressortir les interactions entre les programmes en production. Les applications métiers sensibles qui s’exécutent sur mainframe, se caractérisent souvent par des interactions entre les programmes à la fois complexes et insuffisamment documentées. Dans ce contexte, Topaz Runtime Visualizer fournit instantanément une vision graphique et complète de ces interactions complexes, ce qui facilite significativement la compréhension et le développement de code mainframe par les développeurs, seniors comme juniors.

La mise sur le marché de ce produit est révélatrice du nouveau contexte dans lequel l’éditeur souhaite se placer et l’histoire derrière sa création de Topaz RV est très parlante.

« Un week-end de juillet dernier, Gary Michalek, architecte logiciel, alors qu’il réfléchissait aux défis auxquels il devait faire face sur l’un de ses projets, a une idée, raconte Chris O’Malley. Après m’avoir convaincu sur son bien-fondé, il rencontre le comité produit qui lui a donné une semaine pour creuser son idée avec ses clients et les experts métier Compuware, afin de pouvoir présenter un prototype. C’est au cours de cette réunion que le feu vert a été donné au projet ».

Dans les semaines qui suivent, l’équipe de développement de Topaz RV opte pour une approche Agile dans l’écriture et les tests de son code, tout en mobilisant des clients et des testeurs internes. Compte tenu de l’enthousiasme des clients, Runtime Visualizer est finalement devenu la fonctionnalité phare de cette nouvelle version.

Le 1er octobre, soit tout juste 84 jours après que l’idée a germé dans l’esprit de Gary Michalek, la nouvelle solution, innovante et à forte valeur ajoutée, était fin prête pour les environnements de production des clients ».

Le mainframe redevient tendance

Avec Topaz RV, en revanche, les développeurs peuvent générer, en quelques minutes, une cartographie intuitive des appels externes effectués par un programme pendant une exécution – sans qu’il soit nécessaire de se référer au code source. Ils s’épargnent ainsi de longues heures de travail méticuleux, tout en s’assurant la précision et l’exhaustivité des résultats obtenus.

Topaz RV permet de zoomer sur les appels externes d’un programme, pour déterminer la fréquence de ces appels pendant une exécution et/ou les ensembles de données auxquelles le programme accède à chaque étape de son exécution. Ce qui permet d’identifier les potentiels incidents de performance, les actions inefficaces et les impacts inter-programmes.

Topaz RV complète les traditionnels parseurs de code source qui énumèrent tous les appels externes effectués dans un code applicatif. En ne révélant et ne cartographiant que les appels inter-programmes qui s’opèrent pendant l’exécution d’une tâche de développement, Topaz RV fournit aux développeurs une image instantanée claire et précise du comportement d’un programme tel qu’il s’exécuterait en production.

La nouvelle release de Topaz permet en outre aux développeurs, quel que soit leur niveau d’expertise, de réaliser des analyses d’impact plus rapides et plus précises, en créant des « projets » type Java – collections logiques de sources de données – qui leur permettent de déterminer et de rechercher les dépendances entre les programmes et les clauses copy, sans avoir à extraire le code source du mainframe. Cette nouvelle version se combine avec les trois précédentes versions de Topaz – notamment la visualisation et l’édition des données cross-plateformes, la visualisation de code statique Cobol and PL/I, et la gestion des performances Java sur mainframe.

Parallèlement au développement de Topaz, Compuware a noué des partenariats avec 5 éditeurs qui visent à faciliter cette insertion dans ce monde du DevOps : Appdynamics, Altassian, Jenkins, SonarSource et Splunk (voir encadré ci-dessous). Pour ses besoins en interne, l’éditeur utilise les produits de ces différents partenaires. « Le futur de Compuware est fondé sur Topaz et ce partenariat avec des entreprises et d’éventuels acquisitions et est axé sur l’idée de devenir le facilitateur de l’approche DevOps dans le monde mainframe ». ISPW Benchmark Technologies spécialisée dans les solutions de gestion du changement est la première de ces acquisitions.

« Quand je suis arrivé en poste, l’entreprise était en perdition en termes de chiffre d’affaires », commente Chris O’Malley. En tant que société privée au sens américain, Compuware ne communique pas ses résultats financiers, mais fait état d’une croissance continue et vigoureuse depuis plusieurs trimestres.

 

Les 5 partenaires de Compuware

  • Fondée en 2008, AppDynamics développe une plateforme de surveillance et d’analyse en temps réel des applications et des environnements de logiciels. L’objectif étant d’aider à améliorer leurs performances ou encore l’expérience utilisateur. La société propose d’ailleurs une solution d’analyse des utilisateurs finals pour mieux comprendre leurs comportements.
  • Atlassian compte plus de 1 100 collaborateurs (un chiffre en constante progression) répartis sur huit sites, et propose des produits qui aident les équipes en tout genre à concrétiser leurs visions et à travailler efficacement. Son premier produit, JIRA Software est conçu pour permettre à votre équipe de développement de planifier, de suivre et de livrer des logiciels. Parmi les autres produits, on peut citer JIRA Service Desk, Confluence, HipChat, Bitbucket.
  • Jenkins est un outil open source d’intégration continue, fork de l’outil Hudson. Écrit en Java, Jenkins fonctionne dans un conteneur de servlets tel qu’Apache Tomcat, ou en mode autonome avec son propre serveur Web embarqué.
  • SonarQube (précédemment Sonar) de SonarSource est un logiciel libre permettant de mesurer la qualité du code source en continu. Il supporte plus de vingt-cinq langages (Java, C/C++, Objective-C, C#, PHP, Flex, Groovy, JavaScript, Python, PL/SQL, COBOL…)
  • Splunk édite des logiciels de collecte et d’analyse de données1 orienté « big data », accessibles via une interface web. Splunk indexe en temps réel des données issues de machines (logs, web services, configurations, équipements télécom, GPS, capteurs,…)2. Les utilisations vont de la sécurité (corrélation, analytics, fraude…) à la supervision d’infrastructure, en passant par le reporting métier.

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