En 2009, Gartner annonçait que 25% des logiciels seraient en mode SaaS en 2011. Cinq ans plus tard, PAC nous apprend que le SaaS atteindra péniblement 10% du marché des logiciels en 2018. Cherchez l’erreur.


En matière de Cloud, la baudruche des prévisionnistes semble se dégonfler plus vite que le marché ne progresse. C’est le principal enseignement que l’on peut tirer de la publication ces derniers jours par Numergy et Cloudwatt des premiers résultats de leur activité. L’un et l’autre ont en effet justifié le rachitisme de leur chiffre d’affaires par un rythme d’adoption par le marché plus lent qu’attendu.

De fait, lorsque l’on se replonge dans leurs déclarations de 2012, au moment du démarrage officiel de leur activité, les deux champions du Cloud souverain français appuyaient leurs projections de ventes sur un marché de l’infrastructure sous forme de service estimé à l’époque par les cabinets d’études à 3 milliards d’euros à l’orée 2017.

Le IaaS : un marché français d’à peine 200 M€ en 2014

Deux ans plus tard, le retour à la réalité est brutal. Philippe Tavernier, pdg de Numergy, nous a confirmé cette semaine lors d’un entretien qu’il ne tablait plus que sur un marché de 1,2 à 1,3 milliard en… 2020. Et il estime que ce même marché n’aura pas dépassé au mieux les 200 M€ cette année. Bien loin des prévisions toutes plus optimistes que les unes que les autres publiées à jets continus par les grands cabinets d’études depuis des années – et que nous contribuons à relayer complaisamment. Petit retour en arrière.

Dans une étude parue début 2009, Gatner estimait que 25% des solutions applicatives des entreprises seraient distribués en mode SaaS en 2011. À la même époque, IDC estimait – dans une étude réalisée pour le compte du Syntec – le marché français du SaaS à 5% du marché des logiciels, soit environ 500 M€ pour l’année 2008.

Markess évaluait le marché français du IaaS à 500 M€ en 2011

Un an plus tard, Markess évaluait le marché français du Cloud à 1,5 milliard d’euros en 2009, dont plus de 90% de SaaS, soit plus de 1,35 milliard. Markess prévoyait que le marché du Cloud atteindrait 2,3 milliards en 2011 tiré notamment par l’explosion de la demande en infrastructures sous forme de service (IaaS). Evalué à 100 millions d’euros à l’époque, ce dernier segment devait ainsi quintupler en deux ans.

En 2011, Markess confirmait sa prévision de 2010 et annonçait que le marché français des logiciels et services liés au cloud computing (SaaS, PaaS et IaaS) devrait atteindre 3,3 milliards d’euros en 2013, soit 7% du marché français des logiciels et services informatiques dans son ensemble.

Le SaaS 8% du marché des logiciels en 2012 ?

Un objectif dépassé dès 2012, selon IDC qui estimait que le Cloud avait compté pour près de 8% du marché des logiciels et services en France cette année-là en atteignant 1.959 millions d’euros. Un marché qu’il voyait à 2,645 milliards d’euros en 2013.

Selon Markess en 2013, le Cloud, devait atteindre 4,2 Md€ en 2014 et 5 Md€ en 2015. Selon IDC, de 532 millions d’euros en 2011, le marché français du SaaS, tous segments confondus, devait flirter avec les 1.800 millions d’euros en 2015.

Aux dernières nouvelles, les logiciels fournis sous forme de service devraient représenter 10% du marché total des logiciels en 2018, selon une étude PAC (soit environ 1,1 milliard d’euros).

Vous avez égaré vos moutons ? Ce n’est pas grave, l’important c’est d’y croire.