La voiture idéale pour geek, existe, nous l’avons rencontrée. C’est la BMW I3, présentée à Paris cette semaine peu avant son lancement. Mais sitôt ses charmes dévoilés, l’équation économique qu’elle induit, fait réfléchir.


Depuis plusieurs mois, BMW et Intel mettaient en scène l’arrivée des premières voitures du 21 siècle, toutes électriques, de véritables ordinateurs roulants, hyper connectés, au  sommet de la technologie actuelle. A l’occasion d’une présentation sur le monde des objets connectés, Intel, son partenaire technologique, est arrivé à faire venir une BMW 3I, en avant-première à Paris, à la Maison de la Radio, une semaine avant son lancement officiel, fin mai. Cette auto est un véritable petit airbus à elle toute seule.

Du côté pratique, la nouveauté par rapport à ses concurrentes électriques tient au fait que l’on peut disposer d’un petit moteur auxiliaire à essence de 650 centimètres cube avec un réservoir de 10 litres, pour atteindre la prochaine station «électrique» en toute insouciance. (On peut se demander pourquoi le réservoir d ‘essence n’est pas de 20 ou 30 litres). Pour une autonomie de batteries annoncée de plus de 200 km selon les dénivelés, avec l’utilisation du moteur thermique, on peut doubler cette distance, soit plus de  400 km. Ce n’est pas négligeable car une étude de comportement a récemment révélé que les utilisateurs de voitures électriques, comme les autolibs, vivent un véritable stress à partir du moment où la jauge leur montre qu’ils ne disposent plus que de la moitié de leur charge maximale.

Marketing ou véritable rupture?


Bien sûr, il y a des auto hybrides comme la Toyota Prius qui sont aussi équipées depuis des lustres de moteur essence mais aussi électriques, mais pour la BMW I3 le thermique reste seulement un accessoire. Principale obsession, les bornes de recharge sont signalées dans la voiture, par l’application BMW i Remote App et le portail Internet BMW ConnectedDrive. Les stations sont prises en compte par l’indicateur d’autonomie qui peut s’interfacer avec la route la plus courte ou la plus rapide, les réglages possibles étant nombreux.

Le plein pour 200 km pour moins de 4 euros


Pour recharger ses batteries,  BMW propose d’installer chez vous sa Wallbox BMW i Pure, une borne de recharge « à domicile ». Comparée au câble de recharge standard, qui peut être branché sur n’importe quelle prise de courant domestique avec prise de terre, la durée de recharge d’une BMW i3, par exemple, est raccourcie d’environ 30 %, si bien que le véhicule peut être complètement rechargé en moins de 6 heures à 80 % de la capacité avec un courant de 16A. Avec certaines bornes de recharge ultra rapide la charge à 50% serait inférieure à 30 minutes, mais les batteries avec ce traitement doivent à notre avis vieillir prématurément.

A bord de l’I3


Ce qui frappe au milieu du tableau de bord, c’est le rétroviseur central. En fait, c’est l’écran de l’ordinateur de bord qui vous tient au courant, c’est le moment de le dire, de l’état général de la voiture : la vitesse, kilométrage, niveau d’énergie retrouvent aussi un second écran digital derrière le volant.

On retrouve le programme BMW ConnectedDrive qui aide non seulement à la navigation mais donne aussi les moyen de se relier à l’internet via une carte 3G ou une connexion wifi d’opérateurs comme ceux de Won SFR ou de Bouygues. Il permet de gérer l’audio et la vidéo à bord. On retrouve les services de dictée et de lecture des emails et des SMS, des fonctions déjà disponibles sur des autos plus classiques de la gamme BMW.

A bord, un logiciel de navigation, outre le chemin optimal, donne donc en permanence l’emplacement des stations de recharges les plus proches. Pour les grands voyageurs, à la carte, l’application « BMW i Remote App » envoie les données de la voiture utiles pour planifier ses itinéraires sur le smartphone du conducteur.

Un véritable pilotage automatique


La fonction « Send to Phone » vous indiquera ensuite le chemin à suivre entre votre parking et votre destination finale. Le « BMW ConnectedDrive » propose une navigation dite « intermodale », qui, dans le planning des itinéraires, tient également compte des correspondances des transports publics. Du trajet à bord de la BMW i3 jusqu’à la dernière étape effectuée à pied en passant par la recherche d’un parking et la correspondance par un bus ou un métro, tout  est prévu. On est aussi au coeur d’un système hypersécurisé, l’auto étant automatiquement suivie par le service de sécurité de BMW, un problème moteur ou un accident générant automatiquement une alerte. Face à ce faisceau de technologies, on imagine que BMW a eu l’obsession d’imaginer le pire : tomber en panne en pleine campagne sans savoir ou aller.

Pas si chère à l’exploitation


L’utilisation des bornes et le paiement des recharges s’effectuent par le biais de la carte ChargeNow, un « plein » ne coutant pas plus de 2 euros, une bonne récupération d’énergie lors des phases de freinage ou de décélération prolongeant la durée des batteries. La puissance de récupération irait jusqu’à 50 kW, ce qui n’est pas négligeable. Seules les luxueuses Tesla californiennes offrent plus d’autonomie mais avec un volume de batteries et un poids et un prix bien supérieur. Les frais d’électricité sont facturés tous les mois. On pourra aussi utiliser le système Kiwi pass qui donne accès à un mode de charge universel déjà proposé par Renault, Nissan, Chevrolet et Honda pour « remplir » leurs véhicules. Ce système sera aussi disponible bientôt lui aussi via une application mobile.

Le plus utile reste le système de détection des accidents


Lors des déplacements, le régulateur vitesse « ACC+ » maintient par ailleurs la distance souhaitée par rapport au véhicule qui précède et freine la i3 jusqu’à l’arrêt complet si nécessaire. Outre le  » rangement « dans un parking effectué de manière automatique, l’assistant de conduite en embouteillage vient compléter le dispositif dans une circulation congestionnée. Il effectue aussi les petits braquages requis pour maintenir la voiture dans sa file… On peut aussi régler la vitesse pour éviter de perdre son permis et  le système de sécurité pourra s’interfacer à terme  avec les signaux radios émis par les feux rouges et les panneaux de limitation de vitesse dès que les normes seront acceptées. Mais la voiture qui pèse quand même 1,2 tonne ne dépasse pas les 150 kilomètres heure. Le moteur de 125 kW développant 170 chevaux, avec un couple de 250 Nm donne toutefois des accélérations dignes des autres BMW.

La BMW i3 propose une accélération de 0 à 60 km/h en 3,7 s et une accélération de 0 à 100 km/h en 7,9 s. Sa vitesse maximale est bridée à 150 km/h. Pour limiter le poids, la coque principale a été conçue en carbone, la carrosserie en plastique, le reste est en aluminium. Les batteries sont en ion lithium, le rendement électrique le plus efficace actuellement. L’habillage intérieur est constitué de panneaux de fibres recyclées. Les portes arrières sont malheureusement trop petites et dépendent de l’ouverture des portes avant. Le coffre est aussi ridiculement petit du fait de la présence des batteries.

Retour sur terre


Tout serait assez tentant si l’on ne regardait pas le prix d’achat de cette fameuse BMW électrique : 30 590 euros en version classique et 35 590 euros avec le moteur thermique en accessoire, joliment appelé prolongateur d’autonomie (le bonus écologique de 6.300 euros étant déduit). Les services « BMW Connected Drive » sont encore à 680 euros, l’internet à 110 euros, tout ceci en ne prenant pas en compte la foule d’options.

Si l’on compare une voiture de puissance (170 cv) et de luxe équivalents, on en trouve à 25 000 euros et leurs consommations ne dépassent guère pour les plus sobres les 6 litres de super 95 au 100. Il faudra près de 150 000 kilomètres pour que la BMWI3 version « extended » soit financièrement plus intéressante qu’un véhicule à essence classique de 170 Cv. Notre calcul approximatif est basé sur une consommation de 6 litres de SP 95 au 100 kilomètres au lieu de 2 euros au 100 km pour la BMW I3. Si l’on prend comme repère 150 000 km, on dépensera donc théoriquement 3000 euros d’électricité avec la Bmw  3i et 14 400 euros d’essence SP 95 avec une berline de 170 Cv classique. Bien sûr pour être réaliste, il faudrait pendre en compte l’amortissement des deux autos, le prix de l’entretien et le remplacement éventuel des chaines de distribution sur le moteur à essence et des batteries sur le véhicule électrique qui doivent aussi s’user.

Ecologique ou Citoyenne?


Il reste que d’un côté on verse plus de 7000 euros en taxes à l’état et que de l’autre, c’est presque l’inverse. Tout cela pour développer des énergies à priori plus propres, la fabrication des batteries n’étant pas toutefois une activité  hyper « clean « . Bref, l’avenir nous dira si le budget de l’état, c’est à dire, in fine, le contribuable, pourra longtemps financer des véhicules qui finalement rapportent à la communauté moins d’impôts que leurs ancêtres. La réflexion sur les autos électriques finira certainement par déboucher sur des taxes aux stations de chargement. On voit mal l’état se priver sur le long terme des 47% de taxes sur l’essence. En tout cas, l’auto électrique se met clairement à l’heure de l’informatique et de l’internet.

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