Le Munci vient de lâcher une nouvelle bombe en débusquant de nouvelles statistiques officielles faisant état d’un taux de chômage de 9,8% en informatique et télécoms à fin 2012.

 

Depuis dix ans, le chômage des informaticiens a été involontairement minoré. C’est l’association professionnelle Munci qui vient de lever le lièvre : les chiffres publiés jusqu’à présent par les média et les organisations professionnelles étaient puisés à la mauvaise source. En effet, la colonne « Systèmes d’information et de télécommunication » des séries mensuelles nationales des demandeurs d’emplois collectées par Pôle Emploi et publiées par la Dares (direction de l’animation de la recherche, des études et de la statistique) qui fait référence depuis des années – et à laquelle même le Syntec venait de se rallier ? n’incorpore en réalité pas tous les métiers de l’informatique.

Elle ignore notamment les métiers de l’assistance technique et de l’exploitation informatique. En tenant compte de ces métiers « oubliés », le nombre de demandeurs d’emplois (catégorie A, B, C) dans la profession informatique et télécom n’était pas égal à 36.500 mais à 57.000 au 31 décembre 2012. Soit, sur la base de 590.000 informaticiens, un taux de chômage de 9,8%, proche du taux de chômage de l’ensemble de la population active (10,6%).


Des disparités importantes entre les cadres et les non cadres

Ce taux global élevé cache en pratique des disparités importantes selon les populations : avec seulement 5% à 6% de taux de chômage, les cadres et ingénieurs, sont proche du plein emploi. En revanche, les techniciens (Bac+2, professions intermédiaires) sont durement affectés, avec un taux de demandeurs d’emplois approchant les 18%.

Le Munci souligne que ce taux de chômage est au plus haut depuis 2005 et qu’il a doublé depuis 2008. En 2012, il a augmenté de 16%, alors que celui du marché du travail augmentait de 10%. À noter également que l’ancienneté moyenne au chômage des demandeurs d’emploi en IT est de près de 9 mois, ce qui rend difficile leur réinsertion. D’ailleurs, 25% d’entre eux sont des chômeurs de longue durée.

Une forte discrimination par l’âge


Une réalité qui ne fait qu’accentuer le paradoxe de la pénurie de compétences pointée par tous les recruteurs. Avec 18.000 informaticiens formés annuellement par le système éducatif pour au maximum 15.000 créations nettes d’emploi par an (6.000 seulement en 2012), les employeurs ne devraient pourtant pas manquer de candidats. Mais le système produit trop de Bac+2 et pas assez d’ingénieurs.

Ainsi, 80% des recrutements d’informaticiens se concentrent sur des cadres (le taux de promotion interne des non cadres au statut de cadre est le plus faible de tous les secteurs d’activité : 9% contre 21% en moyenne). Et 70% des recrutements portent sur des bac+5 ayant moins de 6 ans d’expérience. Résultat : la part des plus de 50 ans dans la profession est le plus faible de toute l’économie : 16% contre 27% en moyenne.