Sacré 4e « Revolutionary High-Tech Entrepreneurs » en 2012 par le magazine canadien Discover, Bertin Nahum symbolise l’innovation et l’entrepreneuriat. Un succès que le Gouvernement voudrait dupliquer en lançant un fonds d’investissement.


L’histoire de Bertin Nahum et de sa société Medtech montre, si besoin était, que la France n’est pas réfractaire à l’innovation. Interviewé à l’émission « C’est arrivé cette semaine » sur Europe 1 ce samedi 8 mars, Bertin Mahum explique « que la France est une terre d’innovation mais que c’est le passage vers la valorisation qui est difficile ». Le diagnostic est connu mais la difficulté bien réelle. L’expérience de Medtech en est significative et représentative. Bertin Nahum explique la difficulté d’accès aux capitaux à laquelle il a été confronté. Il a été obligé de céder des brevets à une entreprise américaine pour financer son propre développement. Depuis, Medcost s’est introduit en bourse en novembre 2013, ce qui lui a permis une augmentation de capital de 20 M€. En trois mois, l’action s’est enchérie d’environ 50 %.

Mecost s’est spécialisée dans la conception, le développement et la commercialisation de dispositifs robotiques d’assistance aux gestes médico-chirurgicaux. Elle a développé des robots pour l’aide à la chirurgie du cerveau, du genou et prépare des outils pour la chirurgie de la colonne vertébrale.

Rosa, Rosa, Rosae…


Le robot ROSA a été conçu pour sécuriser et fiabiliser l’intervention chirurgicale sans modifier le protocole opératoire classique du neurochirurgien. Sorte de « GPS de la boite crânienne », ce robot peut être utilisé pour tout type d’intervention crânienne nécessitant la planification de la chirurgie à partir de données préopératoires, la localisation de l’anatomie du patient ainsi que le positionnement précis et la manipulation d’instruments.

Concrètement, le dispositif assiste le chirurgien dans le cadre de biopsies, d’implantations d’électrodes pour des procédures fonctionnelles (stimulation du cortex cérébral, stimulation cérébrale profonde), de procédures de chirurgie à crâne ouvert faisant appel à un dispositif de navigation, d’interventions endoscopiques et pour tout autre procédure de type « trou de serrure ».  A ce jour, plus de 1500 patients ont bénéficié de cet équipement.

 « La France a une forte tradition dans la robotique avec de nombreux laboratoires », poursuit Bertin Nahum, « une spécialité multidisciplinaire qui fait appel à des connaissances dans l’électronique, l’informatique, la physique. »


Dans ce domaine de la robotique, le ministère du redressement productif a œuvré à la création de Robolution Capital, le premier fonds d’investissement dédié exclusivement à ce que l’on appelle la « robotique de services ». Ce fonds réunit des investisseurs institutionnels, industriels et privés (dont le Fonds Européen d’Investissement, AG2R La Mondiale, Bpifrance, Orange, EDF et Thales et est doté de 80 M€.

Ces robots de nouvelle génération, dotés de capacités d’actions et d’adaptations autonomes (drones, voitures autonomes, robots de surveillance ou d’inspections, robots médicaux, robots nettoyeurs, robots agricoles, robots d’assistance à la personne, robots majordomes, robot de construction,…) annoncent une véritable rupture dans les modes de vie quotidiens et les pratiques professionnelles.

Estimé à 17 milliards d’euros en 2013, le marché de la robotique de services devrait atteindre 100 milliards d’euros en 2018, selon les prévisions de l’Institut Français de la Robotique de 2013.

Ce fonds est l’une des concrétisations d’un plan baptisé France Robots Initiatives lancée l’année dernière avec comme objectif de « structurer, d’aider à développer la filière et de créer les conditions propices à l’émergence d’un marché à long terme » la structuration de la filière à l’accompagnement de la croissance des PME et ETI innovantes et le soutien à la formation, à la R&D et à l’innovation… et 5 axes prioritaires : Transport et logistique ; Défense et sécurité ; Environnement ; Machines intelligentes ; nouveaux procédés manufacturiers collaboratifs, cobotique ; Assistance à la personne.

Etat des lieux


A l’occasion de la présentation de ce plan, les pouvoirs publics proposait l’état des lieux de la situation suivant. La France manque d’acteurs dominants de dimension mondiale tels ABB, FANUC Robotics, KUKA, ou Motoman mais elle dispose cependant d’acteurs performants en matière de robotique industrielle (par exemple concepteur et fabricant de robots Stäubli) et peut compter sur des intégrateurs et des équipementiers de haut niveau comme CIMLEC Industries, Actenium ou Clemessy, sur des ETI de pointe positionnées sur des marchés très spécialisées telles RECIF Technologies (robots de manipulation de wafers silicium), BA-Systems (chariots logistiques) ou ECA Robotics (drones de surface, drones sous-marines, robots terrestres, …), tandis qu’EADS, Thalès ou EDF ont lancé des programmes de recherche importants. La France se fixe pour objectif de compter parmi les cinq nations leader de la robotique dans le monde d’ici à l’horizon 2020.

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