Lors des attentats de Nice le 14 juillet il a fallu environ 3 heures, au lieu des 15 minutes  prévues, pour déclencher le Système d’alerte et d’information des populations (SAIP) destiné à avertir ses usagers en cas d’attaque ou de suspicion d’attaque terroriste. Le quotidien Le Monde explique les raisons de ce dysfonctionnement dû à une succession de précipitations, de mauvaise communication et de malchance.

Précipitation car le prestataire, Deveryware, n’a eu que deux mois pour développer l’application qui devait absolument être prête pour le 8 juin, soit deux jours avant le début de l’Euro 2016 de football. L’objectif a été atteint, malheureusement le contenu du cahier des charges, des difficultés techniques ainsi que le manque de temps ont empêché le spécialiste de la géolocalisation en temps réel de prévoir une solution de redondance.

Mauvaise communication, car l’hébergeur, Numergy (désormais dans le giron de SFR), ne connaissait ni le client final, l’Etat, ni l’objet de l’application. «C’est lorsque Deveryware a contacté notre assistance technique à la veille de l’Euro que nous avons appris la nature de leurs services ; nous les avons alors alertés immédiatement sur la nécessité de prévoir une solution de redondance chez Numergy ou ailleurs pour des services aussi sensibles », a expliqué le service de communication de SFR à nos confrères.

Malchance, car la veille de la fête nationale, lors de travaux de génie civil, un câble optique a été sectionné provoquant la panne de l’application. Averti le jour du drame, Deveryware a constitué une cellule de crise qui a réussi à résoudre rapidement la panne. Mais nouvelle malchance, lors du redémarrage de l’application, un bug dans un logiciel de monitoring a fait croire à tort à que l’application fonctionnait à nouveau. Ce n’est qu’au moment où la préfecture des Alpes Maritimes a averti le prestataire qu’un attentat avait eu lieu que ses ingénieurs ont constaté que le système d’alerte n’était pas opérationnel. Après un nouveau redémarrage et l’intervention des équipes de Deveryware, l’alerte a finalement été lancée. Il était alors 1h34 du matin.

Jusqu’à présent, tous les protagonistes de l’affaire essayent de dégager leur responsabilité. Une réunion devait se tenir ce jeudi avec le ministère de l’Intérieur pour faire le point sur ces dysfonctionnements. On en saura peut être alors un peu plus.