En septembre 2016, la société de distribution et de services Evea Group annonçait son adossement à un mystérieux investisseur : Magellan. Celui-ci avait apporté au groupe les fonds nécessaires à son désendettement en échange de 75% du capital. Mais Raphaël Ducasse, PDG d’Evea Group, n’avait rien laissé filtré sur l’identité et les ambitions de son acquéreur. Neuf mois plus tard, le voile se soulève sur Magellan. Ou plutôt sur Constellation. Car Magellan était un nom de code.

Il s’agit d’une holding créée (et présidée) par Etienne Besançon en mai 2016, quelques mois après avoir quitté Intrinsec – dont il avait été le directeur général associé pendant plus de douze ans. La société est détenue à 51% par ses managers – dont Etienne Besançon, pour 25%, mais également Eric Aimard (ex-DGA d’Intrinsec), Antoine Brière (voir plus bas) et Eric Paumerat (ex-PDG du MSP Iniflux), tous les trois membres du comité exécutif. Les 49% restants sont détenus par le conglomérat tunisien PGH, caution industrielle de Constellation. PGH est représenté au comité exécutif par Naceur Kchaou, directeur de Dataxion Tunisie, plus grand datacenter tunisien.

En juillet dernier, donc, Constellation a racheté 75% d’Evea Group. Via E@3 Group et ses deux filiales Evea Technology et 3WS (Evea Cognitive), Evea exerce trois métiers principaux : la distribution et l’intégration d’infrastructures, l’infogérance Cloud (BU Evea Cloud) et la valorisation de la donnée (mise en place de projets BI et fourniture de services de e-réputation). Des activités qui ont généré 25,7 M€ de chiffre d’affaires sur l’exercice clos au 31 mars (en croissance de 7% par rapport à l’exercice précédent).

trois autres étoiles ont rejoint la constellation en janvier

Mais Constellation ne s’est pas arrêté là. En octobre, la holding a racheté Ininov, une société spécialisée dans l’infogérance pour les PME réalisant 1,2 M€ de chiffre d’affaires annuel avec une dizaine de collaborateurs. Son fondateur, Cyrille Jaussoin, est lui-aussi passé par le groupe Neurones – qui contrôle Intrinsec – avant se lancer à son compte en 2009. En janvier, trois autres étoiles ont rejoint la constellation : Fabrick, StelR et Skills Factory. La première est une société de développement dont le credo est d’insuffler les nouvelles technologies (AngularJS, Java, node.js…) et les méthodologies agiles dans les applications des clients. Dirigée par Matthieu Bonnard, ex-responsable de la maîtrise d’œuvre infrastructures d’Intrinsec, elle a démarré son activité en octobre dernier et emploie 10 personnes.

La deuxième est une société de conseil. Dirigée par Antoine Brière, ex-DSI du spécialiste de l’expertise de sinistres Texa, elle a vocation à accompagner les clients dans leur transformation numérique, de la définition des stratégies métiers à l’exécution, en se faisant fort de « combler l’écart entre les objectifs stratégiques des directions générales et les contraintes opérationnelles des DSI », expose Etienne Besançon. Créée en janvier, elle compte trois consultants. Enfin, la troisième dispense aux équipes informatiques des clients des formations de « reskilling » visant à les mettre à jour sur les technologies et méthodologies actuelles (microservices, AngularJS, etc.) qui leur permettront de gagner du temps dans leurs développements. Cette activité est supervisée par Mohamed Majdi Hizem, un ex-consultant agilité du cabinet TMP.

Constellation a également exercé en février l’option d’achat du datacenter d’Energy4Data signée en 2013 par Evea. Ce datacenter de 1.200 m2 installé à Trappes est la clé de voute de son offre d’infogérance. Ancien datacenter du Crédit Agricole, il a été rebaptisé Dataxion France à la suite du rachat.

Constellation étend son champ d’expertise à la sécurité IT

Pour compléter ce tableau, Constellation vient de racheter une société de services de sécurité IT. Société de trente personnes réalisant 3 M€ de chiffre d’affaires annuel, son identité ne sera dévoilée que dans quelques jours. Elle complète opportunément l’offre de valeur du groupe qui se positionne en acteur de la transformation digitale des PME et des grands comptes via un panel complet de prestations allant du conseil à l’infogérance, en passant par le développement, le sourcing, l’intégration, l’hébergement et la la formation. Prochaine corde que le groupe souhaiterait ajouter à son arc : l’hébergement applicatif via le rachat d’un intégrateur SAP.

Sur l’exercice en cours qui se clôturera fin mars 2018, Constellation espère atteindre 32 M€ de chiffre d’affaires (+ 18%, dont environ 7% d’organique), avec comme principaux axes de développement l’infogérance et le Cloud, la sécurité, la valorisation de données, le développement et le conseil. Le groupe, qui compte actuellement 130 collaborateurs (dont 92 pour Evea), espère également embaucher une cinquantaine de personnes supplémentaires cette année (principalement dans la sécurité et la business intelligence) et vise le top 50 des sociétés de services numériques en 2020.