L’opérateur francilien a annoncé coup sur coup son entrée sur le marché du datacenter et une forte croissance de ses facturations pour l’année 2015. Son président, Nicolas Aubé, commente pour nous ces annonces.

Vous venez d’annoncer dans un communiqué que votre réseau fibre, dans lequel vous avez commencé à investir il y a cinq ans, atteint désormais 1000 kilomètres et qu’il est présent dans les communes d’une quinzaine de grandes agglomérations, parmi lesquelles l’Ile-de-France (1.000 communes couvertes), Lyon, Marseille, Toulouse. Vous avez indiqué vouloir intensifier vos investissements cette année en ouvrant de nouvelles agglomérations et en déployant des câbles à forte capacité en Ile-de-France. Pouvez-vous préciser dans quelles agglomérations vous comptez investir en 2016, ce que vous entendez par câbles à forte capacité et  quel sera le montant de ces investissements ?

Nicolas Aubé : Cette année, nous prévoyons de nous implanter dans les agglomérations de Nice, Cannes, Grenoble, Agde (Hérault-Méditerranée), Carcassonne et, peut-être Béziers. En Ile-de-France, notre réseau sera bientôt plein. Celui-ci est constitué de câbles de 48 à 144 fibres. Pour adapter notre infrastructure à la croissance de notre activité anticipée pour les cinq prochaines années, nous prévoyons d’y investir sur des câbles de 720 fibres. Nous devrions ainsi consacrer 2 M€ supplémentaires à notre réseau en 2016 [soit un tiers des sommes déjà investies en l’espace de cinq ans] et un million d’euro pour les équipements réseaux associés.

En décembre dernier, vous avez annoncé votre diversification dans le marché du datacenter en présentant le StarDC, un datacenter miniaturisé offrant 4 baies utiles conçu en collaboration avec l’Université Pierre et Marie Curie dans le cadre des Investissements d’avenir. Pourquoi vous lancer sur ce marché, quels clients visez-vous et quels sont vos objectifs de vente en 2016 ?

Nicolas Aubé : Les datacenters, c’est l’autre versant de la fibre car les données de nos clients sont de plus en plus hébergées dans des datacenters. Or nous avions une demande non satisfaite de clients situés en dehors des grandes métropoles pour des datacenters de proximité qui leur permettent d’accéder rapidement à leurs données. D’où le StarDC qui, pour à peine plus cher qu’une salle informatique (150.000 €), offre les prestations d’un véritable datacenter avec contrôle d’accès, anti-intrusion, gestion électrique professionnelle, onduleurs, groupe électrogène, climatisation économe et supervision à distance, etc. Nous ciblons donc une clientèle de collectivités locales et de grosses PME mais aussi de sociétés de services informatiques. On constate que de nombreuses entreprises de services en régions ont la volonté affichée de développer des activités d’hébergement en investissant dans leur datacenter. Cette offre intéresse aussi des opérateurs étrangers. Nous avons déjà deux affaires sur le point de se signer et nous nous sommes fixé pour objectif de réaliser une dizaine de ventes cette année.

Vous avez annoncé un chiffre d’affaires de 13,5 millions d’euros en croissance de 18% pour l’année écoulée. Comment a évolué votre effectif et quelles sont vos prévisions pour l’exercice 2016 ?

Nicolas Aubé : Notre effectif a fortement évolué, passant de 45 à 75 personnes en un an (en incluant notre filiale câble Celeste Fibre). Nous devrions encore créer quinze postes en 2016. Nous devrions conquérir 50% de clients en plus (300) et notre chiffre d’affaires devrait encore progresser de 15 à 20% hors croissance externe.

Car vous envisagez une opération de croissance externe ?

Nicolas Aubé : oui, il serait logique que l’on rachète des parcs clients pour les migrer sur notre réseau.

Qu’est ce qui explique cette croissance aussi forte sur un marché des télécoms entreprises pourtant beaucoup moins dynamique ?

Nicolas Aubé : Notre croissance est très supérieure au marché car nous sommes sur un marché qui mute vers la fibre. Les entreprises sont en train de s’équiper massivement. Environ la moitié des quelque 100.000 entreprises françaises de plus de 10 salariés – notre cœur de marché – ont déjà franchi le pas. Elles devraient toutes être équipées d’ici à cinq ans.

Combien avez-vous de clients ?

Nicolas Aubé : 2.000. Soit 2% du marché. Et nous visons un doublement de cette part de marché d’ici à cinq ans.

Ne pensez-vous pas qu’à terme, les opérateurs alternatifs pourraient être marginalisés ?

Nicolas Aubé : Non, je ne pense pas. Certes, il y a une logique œuvrant à la mutualisation des réseaux. Mais les PME tiennent à avoir plusieurs accès à plusieurs réseaux simultanément pour éviter toute rupture de service. Il y a donc aussi une logique poussant au maintien, au côté des grands acteurs, d’opérateurs de services indépendants offrant des services différenciants.