La rumeur, reprise par le Wall Street Journal, courait depuis novembre. Elle s’est vérifiée. Incapable d’honorer la totalité de ses dettes, Avaya vient de se placer sous la protection du Chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites, qui lui permet de se restructurer à l’abri de ses créanciers. Seule l’entité américaine est concernée, les filiales étrangères poursuivent leurs activités normalement.

« Nous avons scrupuleusement passé en revue toutes les alternatives pour redresser la structure du capital d’Avaya. Nous pensons que poursuivre la restructuration grâce au Chapitre 11 est la meilleure voie qui s’offre à nous actuellement », explique dans un communiqué le CEO de la société, Kevin Kennedy. « Réduire les dettes actuelles grâce à la procédure du Chapitre 11 est actuellement le meilleur moyen de nous positionner pour l’avenir. » L’entreprise est endettée à hauteur de 6,3 milliards de dollars et doit lever 600 millions de dollars pour honorer une dette qui arrive à échéance en octobre.

Le spécialiste des outils de collaboration et de communication vient d’obtenir une ouverture de crédit d’un an de 725 millions de dollars de la Citibank, qui doit toutefois encore obtenir l’aval de la Cour des Faillites du District Sud de New York. Cet argent, combiné avec le cash flow opérationnel de l’entreprise, devrait permettre à Avaya de poursuivre son activité à peu près normalement pendant la procédure. « Sans un financement supplémentaire, je crois que les créanciers seront forcés de liquider dans de très mauvaises conditions », a expliqué dans un document destiné au tribunal un responsable du cabinet Zolfo Cooper chargé de la restructuration de la société, cité par Reuters,

Dans son communiqué, la firme de Santa Clara (Californie) précise que la vente de ses logiciels de centre de contacts, qui était envisagée récemment, n’est plus à l’ordre du jour. Une telle opération causerait des préjudices aussi bien aux clients, qu’aux actionnaires affirme le document. La vente d’autres actifs, qui ne sont pas cités, n’est toutefois pas exclue. « Il s’agit d’une étape critique de notre transformation en une société performante de logiciels et de services. La structure du capital a plus de 10 ans et a été mise en place pour accompagner notre business model qui était celui d’une entreprise focalisée sur le hardware, ce qui a évolué considérablement depuis lors. Nous avons besoin de recapitaliser l’entreprise afin de respecter nos obligations financières et d’honorer les prochaines échéances de notre dette », indique Kevin Kennedy, qui assure que l’entreprise « fonctionne bien » et qu’elle sortira de cette épreuve « plus forte que jamais ». Il estime que le Chapitre 11 permettra à Avaya de réduire le montant et les intérêts de ses dettes et lui donnera la souplesse financière nécessaire pour investir « afin de conserver sa position très concurrentielle sur le marché ».

Au cours du quatrième trimestre (clos le 30 septembre dernier), la société avait enregistré un chiffre d’affaires de 958 millions de dollars, contre 1 milliard de dollars un an auparavant. Sur l’ensemble de l’exercice elle affichait une perte de 750 millions de dollars. Depuis son acquisition par les fonds Silver Lake et TPG Capital en 2007 pour 8,2 milliards de dollars en 2007, Avaya n’a jamais dégagé de bénéfices.