Alors que les volumes d’échange sur le titre Ares restent étonnamment élevés, beaucoup s’étonnent que ses principaux actionnaires vendent massivement leurs actions. Explications.

 

Les principaux dirigeants et actionnaires d’Ares croient-ils encore à la survie de la société ? C’est la question que l’on peut légitimement se poser au regard des cessions d’actions réalisées au cours des derniers jours. Entre le 25 mai et le 8 juin, Michel Berjamin, pdg du groupe, qui possédait avant ces mouvements 3,53% du capital à titre personnel, a ainsi cédé 176.000 actions (soit 16% de son portefeuille). De son côté, Thierry Leyne, membre du Conseil d’Administration et principal actionnaire via Assya Participations, qui contrôle 23,8% du capital, en a cédé 1,64 millions (soit 44% de son portefeuille).

 

Des ventes massives d’autant plus étonnantes qu’Ares, pour redresser ses finances après neuf mois de procédure de redressement judiciaire, est en pleine augmentation de capital. Dans ces cas là, il est d’usage que les dirigeants montrent l’exemple, en y souscrivant. Or Michel Berjamin a vendu des actions mais aussi 381.323 bons de souscriptions d’action (soit 35% de ses droits). Attribués gratuitement à raison d’un bon par action existante, ces BSA permettent de souscrire à l’augmentation de capital (à raison de 2 BSA pour trois actions nouvelles à 0,25 €).

 

Michel Berjamin évoque un besoin d’argent

 

Interrogé sur les raisons qui le poussent à vendre ses actions, Michel Berjamin répond qu’il a besoin d’argent. Il souligne au passage que ces ventes représentent pour lui des moins value puisqu’il a payé les actions en question près de dix fois plus qu’il ne les a vendues (environ 4 € contre en moyenne 0,45 €). Il insiste enfin sur le fait qu’il conserve 900.000 actions.

 

Quant aux BSA, il indique qu’il n’a jamais laissé penser qu’il les exercerait. Une position qui est aussi apparemment celle de Manco (8,8% du capital), la société qui regroupe les principaux managers du groupe (y compris Michel Berjamin), et de Bruno Leforestier, le troisième membre du Conseil d’administration. Ce dernier a même commencé à vendre lui-aussi ses BSA, selon ses propres déclarations à l’AMF.

 

Thierry Leyne vend pour financer l’augmentation de capital

 

En ce qui le concerne, Thierry Leyne fait valoir que c’est justement parce qu’il s’est engagé à souscrire pour plus de 1,9 M€ d’actions nouvelles qu’il est contraint aujourd’hui de vendre ses actions anciennes, afin « d’amortir le choc ». Mais il souligne qu’il souscrit au fur et à mesure des actions nouvelles, si bien qu’il reste détenteur d’un nombre toujours plus important d’actions.

 

« Si Ares a pu sortir de son redressement judiciaire et trouver un accord avec ses créanciers, c’est uniquement grâce à mon engagement de souscrire à l’augmentation de capital avant fin juin, et ce pour un montant supérieur à ma quote-part initiale, souligne-t-il. Ce faisant , je franchis mécaniquement le seuil des 50% du capital. Or je n’ai pas vocation à devenir l’actionnaire majoritaire de la société. Je souhaite rester un investisseur financier ». Dont acte.

 

Reste que si les motivations des uns et des autres se défendent, ces cessions d’actions font très mauvaise impression. Notamment auprès des salariés d’Ares qui commencent à se demander si Michel Berjamin a réellement l’intention de rester à son poste de directeur général et s’il ne souhaite pas tout simplement quitter l’entreprise. Une hypothèse que l’intéressé dément.