Le 28 juin à minuit Butler Industries reprendra officiellement Nextiraone. Mais qui va piloter l’entreprise, avec quel projet et quels investissements ? Pour l’instant ces questions restent sans réponse.

En passant par la case redressement judiciaire suivi d’un plan de cession pré-packagé, Nextiraone a certes effacé 110 M€ de dettes. Mais c’est autant qui a été détruit pour ses créanciers, et notamment pour ses fournisseurs. On peut raisonnablement évaluer leur créance cumulée à un bon tiers de cette dette, soit plus de 35 M€. De quoi laisser des marques indélébiles dans les comptes des principaux d’entre eux tels Cisco ou HP.

Difficile dans ces conditions de leur demander de reparier sur le même cheval. C’est pourtant ce que compte faire le repreneur Butler Industries qui mise sur une relance rapide de l’entreprise, qui plus est avec un périmètre strictement identique puisqu’il s’est engagé à conserver les 1.386 salariés. Pour autant, il sait que les fournisseurs ont intérêt à lui faire confiance. Leur meilleur moyen de se refaire, c’est encore de rejouer, selon le vieil adage.

Pour les convaincre, Butler pourra par exemple s’engager à renoncer à une partie de ses futures marges arrières. Mais cela ne sera pas suffisant. Le fonds d’investissements devra aussi convaincre sur la base du projet d’entreprise : la stratégie qu’il compte mettre en œuvre, l’équipe pour l’appliquer mais surtout les investissements qu’il compte faire ou garantir.

Pour relancer rapidement l’activité, il aura besoin dans un premier temps d’injecter beaucoup de liquidités. Mais personne ne sait ce qu’il compte investir exactement. Il aurait évoqué 15 M€, dont 5 M€ en numéraire immédiatement. Or pour maintenir un niveau d’activité de l’ordre de 250 M€ (son objectif affiché), les fournisseurs estiment qu’il lui faudra au bas mot 20 à 30 M€ de besoin en fonds de roulement, voire même du double s’il doit payer ses achats au comptant comme cela est probable.

Autre point d’interrogation qui inquiète fournisseurs et salariés : avec quelle équipe de management compte-t-il s’y prendre ? Walter Butler, le propriétaire de Butler compte-t-il s’impliquer directement avec ses lieutenants ou compte-t-il laisser la main au DG Philippe Hedde, toujours à bord ? « Butler n’a apparemment pas fait le choix de la transformation sans quoi, il aurait probablement déjà annoncé un nouveau capitaine histoire de rassurer les fournisseurs et empêcher les meilleurs éléments de partir », estime un observateur du marché.

Toujours est-il que le temps presse : l’hémorragie de talents a commencé et, après être passée de 285 M€ en 2011 à 234 M€ en 2014, l’activité est en chute libre. S’il veut éviter que compétences et projets ne passent à la concurrence, le repreneur devra réagir très vite et convaincre tout de suite. Premiers éléments de réponses dans les prochains jours, dès que les réunions d’ores et déjà prévues avec les fournisseurs se seront tenues.

Précisions du lundi 29 juin : suite à la parution de cet article, Philippe Hedde, directeur général de NextiraOne a démenti toute baisse d’activité et, à fortiori, toute hémorragie de talents. Il assure par ailleurs que l’intégralité des fournisseurs de la société, notamment Alcatel, Cisco, Genesys, a confirmé souhaiter continuer à travailler avec NextiraOne et qu’aucun client n’est parti. Lire à ce sujet, les informations de notre article NextiraOne : Butler reconduit le management actuel et mise sur la croissance externe.