En rachetant ASPserveur, la filiale dédiée aux solutions digitales d’Econocom a tout simplement raflé à la barbe de ses concurrents l’un des meilleurs spécialistes français du Cloud Computing. Explications.

La filiale dédiée aux solutions digitales d’Econocom a annoncé la semaine dernière avoir racheté 80% du capital d’ASPserveur, un hébergeur basé à La Ciotat (Bouches-du-Rhône), en activité depuis dix ans, réalisant 3,5 M€ de chiffre d’affaires annuel avec un effectif de treize salariés. Bien que relativement modeste et peu connu, ASPserveur était déjà convoité par plusieurs prétendants sérieux et de bon calibre. Ce qui, au passage, a certainement arrangé ses affaires en favorisant la montée des enchères. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cet intérêt pour la société.

Un spécialiste des système haute disponibilité

D’abord, ASPserveur a fait partie des premiers à s’être lancés dans les services Cloud en investissant dès 2009 dans une infrastructure haut de gamme dite « dual site synchrone ». « On s’est spécialisé assez tôt dans les systèmes haute disponibilité en cluster et load balancing », nous expliquait l’année dernière Sébastien Enderle, directeur général de la société, lors d’un entretien.

L’hébergeur a en effet conçu son infrastructure comme s’il s’agissait de deux datacenters imbriqués avec chacun leur adduction réseaux et leur redondance électrique, servis par une technologie Netapp Metrocluster, qui assure la synchronisation à la microseconde, orchestrés et contrôlés par des logiciels développés en interne (et pour certains brevetés). Résultat, depuis sa mise en service, le datacenter d’ASPserveur n’a connu aucune interruption de service, assure Sébastien Enderle. Une gageure qui le place parmi les meilleurs au plan mondial.

Un datacenter de 2000 m2 aux trois quarts disponible

Ensuite, ASPserveur dispose d’un espace de 2000 m2 (dont 1.600 m2 encore disponibles) adapté pour l’accueil de serveurs haute densité. Une surface certes modeste comparée aux dizaines de milliers de mètres carrés que peuvent atteindre certains datacenters mais bien suffisante pour les besoins de Digital Dimension. La preuve : il n’est pas prévu de remettre en question la stratégie de ventes indirecte mise en place il y a un an qui permet à d’autres SSII et prestataires de services d’héberger leurs propres clients sur ses équipements.

Une surface d’autant plus suffisante qu’ASPserveur se vante d’atteindre la densité record de 24 kVA au mètre carré. Ce qui explique qu’il n’exploitait jusqu’à maintenant qu’une seule salle de 200 m2 et qu’il venait seulement de lancer les travaux d’une seconde salle (livrable pour la fin septembre). Record de densité, record de disponibilité mais aussi record d’efficacité énergétique. On notera au passage qu’ASPserveur affiche un PUE de 1,4 quand la moyenne européenne tourne autour de 2,5.

Une capacité à facturer à l’usage

Autre atout déterminant : depuis environ un an, ASPserveur est capable de proposer cette infrastructure en mode Cloud public assortie d’une facturation à l’usage, exactement comme le fait un Amazon Web Services – à la différence que ce dernier est capable de facturer à la minute quand ASPserveur se contente de cinq minutes comme unité d’œuvre. Une offre qu’il a appelée Cloud Quantique et qui intéressait beaucoup Digital Dimension.

Une profitabilité enviable

Toute cette infrastructure est évidemment coûteuse. Sébastien Enderle estimait l’année dernière avoir investi environ 7 M€ sur 5 ans (connectivité y compris). Mais c’est le prix à payer pour la valeur ajoutée. « Une baie chez nous se loue autour de 10.000 € par mois contre 1.000 € par mois chez les principaux spécialistes de la colocation ». Et la profitabilité semble bien au rendez-vous. Sur les exercices 2009 et 2010 (derniers connus) elle était supérieure à 10% du chiffre d’affaires. Ce qui, évidemment, a dû peser dans la décision finale de Digital Dimension.