BMC repart sur de nouveaux objectifs. Deux ans après une cure d’amaigrissement, une sortie de bourse très médiatisée et de nouveaux appuis financiers, la firme de Houston se présente à un tournant stratégique.

Elle fait un pari sur l’automatisation de services IT qui devrait permettre de rentabiliser les 7 milliards d’investissements des nouveaux propriétaires (lire : BMC, 25 ans après, des hauts et des bas).

L’évolution de  l’offre BMC nous a été présentée à Paris par son directeur technique de la zone EMEA, Éric Blum.

Éric Blum : « Cela fait douze ans que je travaille chez BMC et là nous sommes au début d’une nouvelle période assez exaltante. Nous avons trois produits phares que nous lançons simultanément. Dans le domaine du monitoring d’applications, nous proposons TrueSight v.10 (ex-Patrol), dans  l’orchestration des services, c’est notre offre Cloud Lifecycle Management 4.5, et dans le service desk, c’est Remedy Service Management V9. Cette version a été entièrement revue pour fournir un service qui soit en phase avec les nouveaux usages du cloud et des  mobiles. On propose en particulier un monitoring en temps réel qui permet un affichage personnalisable des performances des systèmes sur des tablettes (image ci-dessous). L’architecture interne a été fondamentalement redéveloppée, selon trois paramètres au moins : une intégration avec BMC MyIT, une interface améliorée avec les univers Amazon Web Services et Microsoft Azure ; et en troisième point, une capacité améliorée à détecter les faiblesses des différents systèmes, les résultats étant concentrés sur une interface de visualisation unique

InformatiqueNews : Avez-vous changé le mode de vente qui pendant des années avait principalement été réservé aux commerciaux BMC ?

Éric Blum : « L’intégration des logiciels est réalisée désormais de 50 à 70% par nos partenaires. Nous faisons confiance depuis longtemps à CapGemini qui s’occupe, par exemple, de près de 70 clients Remedy et Devoteam qui disposent de près de 150 consultants également sur Remedy. Nous sommes aussi promus par les équipes de ventes de Salesforce depuis que nous avons adopté leurs interfaces de développement natives pour offrir une administration par l’IT.

Au départ, Salesforce s’est développé en dépit des services IT. Avec nous, ces derniers reprennent la main d’applications dans le cloud et c’est très apprécié.

IN : Travaillez-vous avec de grands opérateurs ou de très grandes entreprises ?

Éric Blum : « Dans le domaine des processus ITIL , on travaille par exemple avec Orange Business Systems qui gère près de 135.000 utilisateurs et là on n’est plus dans la recherche du ticket de reporting le moins cher possible mais plutôt dans  la réduction du nombre de tickets. Au lieu de remplir des formulaires et de passer plusieurs appels au service d’assistance, on a cherché à automatiser ce qui pouvait l’être. Les employés à partir d’un catalogue unique ont accès à des applications, du matériel informatique et des services personnalisés. ?On travaille aussi avec Telefonica dans toute l’Europe. Sanofi et ses 75000 utilisateurs utilisent aussi nos produits dans ses 27 centres de données. Salesforce nous ouvre de nouvelles perspectives.

IN : Dans le domaine du Cloud, disposez-vous de nouveaux outils d’administration?

Éric Blum : « Outre la version de Remedy dont j’ai déjà parlé, il faut se souvenir que c’était déjà notre spécialité depuis longtemps avec par exemple des accords avec les offres SAP et l’on a étendu notre portfolio avec des outils de « cloud brokering » pour optimiser l’utilisation des ressources. Notre Cloud LifeCycle Management fait office de broker de Cloud sur nos outils BladeLogic mais aussi sur des plates-formes comme celle d’Amazon avec lequel nous avons aussi signé des partenariats. Enfin, avec notre intégration des Salesforce, on peut aussi proposer aux hébergeurs des plateformes analytiques par client pour optimiser leurs capacity planning et garantir les niveaux de services.

IN : Pour conclure et c’est peut être une obligation, comment voyez-vous arriver les offres open source, l’internet des objets et la sécurité ?

Éric Blum : « Avec nos outils d’administration on peut gérer des clouds Open stack mais pour l’instant, ils sont encore rares. De toute manière, dans l’état actuel des offres ce que vous ne payez pas en licences, vous allez le payer en services. Dans notre démarche, on tente de limiter au maximum les paramétrages et de proposer des outils prêts à l’emploi. Du côté IOT, on a depuis longtemps modélisé notre « digital workplace » pour favoriser la « transformation numérique ». On dispose de nombreux logiciels en mode plug in en particulier, près de 250 pour nos offres blade logic. C’est une véritable plateforme d’automatisation qui doit faciliter la mise en route de projets complexes. On a par exemple travaillé dans l’aéronautique sur la mise en route de projet de normalisation ISO 27000.

Enfin pour la sécurité on est fournisseur du DOD (departement of defense) du gouvernement américain pour tout ce qui est qui  monitoring et l’automatisation de leurs services. On travaille entre autre avec Qualys sur l’encryption et sur la sécurité des modes d’accès.

Encadré : BMC, 25 ans après, des hauts et des bas

Crée en 1980, BMC Software était avec 2,1172 milliards en 2011 la 20 eme entreprise de logiciels dans le monde, selon le « software top 100? américain. Assise sur une énorme bibliothèque de plus de 450 logiciels principalement pour gérer les applications des mainframes, serveurs et réseaux, elle a été minée par la concurrence des centaines de fournisseurs de solutions verticales et en particulier par IBM, CA, HP et ServiceNow qui n’ont cessé de récupérer tous les contrats de maintenance qui lui assuraient un fond de roulement régulier. Pionnier dans le domaine du  « Business management software », mais aussi de la CMDB (Configuration Management Database) dans les années 90 puis 2000, la firme s’était renforcée en rachetant près d’une centaine de firmes dont les plus connues sont Remedy (2002, issue de la faillite de Pérégrine) et Patrol. Après la bulle internet et la concentration progressive du nombre de grands sites de mainframes, en septembre 2013, en pleine déconfiture, malgré des ventes successives de son parc immobilier et d’une diminution régulière de ses employés, BMC se retirait du Nasdaq en 2014 et était rachetée pour 6,9 milliards par un fond d’investissements rassemblant Bain Capital, Golden Gate Capital, Insight Venture Partners, GIC Private Limited‘s, GIC Special Investments Pte Ltd  et Elliott Management Corporation.

 

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