Alors que le processus de consultation pour la scission démarre officiellement le 30 mars en France, le climat s’assombrit en interne en raisons des menaces, réelles ou suposées, pesant sur l’emploi.


La scission des activités HP en deux sociétés distinctes démarre dans un climat tendu au sein de HP France. À trois semaines de l’ouverture du processus de consultation des instances représentatives, les négociations pour la signature d’un accord de méthode viennent de se solder par un échec en raison des profondes divisions apparues entre les différentes organisations syndicales. Cause principale de ces divisions : les menaces réelles ou supposées pesant sur l’emploi

Plusieurs facteurs alimentent en effet les craintes des salariés. D’abord, l’activité services héritée d’EDS, qui emploie 2.000 collaborateurs sur 4.700 en France, est dans une mauvaise passe. Selon nos informations, elle aurait subi une baisse de 20% de ses facturations en 2014, laissant un grand nombre de collaborateurs en intercontrat ou sans affectation réelle. Autre foyer de pertes d’emplois potentiel : le site de Grenoble (HPCCF), où travaillent 1.700 collaborateurs dont 600 sont appelés à rejoindre la filiale française du futur HP Inc., l’entité regroupant les actifs PC et imprimantes du groupe.

Environ 1000 collaborateurs transférés

En France, cette société devrait être constituée, par transfert forcé (article L.1224-1), d’environ 1.000 collaborateurs issus de HPCCF donc et de HPF, la filiale commerciale de HP en France. Deux filiales qui, une fois délestées de ces 1.000 personnes, devraient être renommées pour former conjointement le futur HP Enterprise. C’est Pascale Dumas, actuelle directrice générale et vice-présidente en charge de l’activité PPS (Print et Personal System), qui est pressentie pour dirriger la filiale française de HP Inc.

Le problème qui se pose concernant HPCCF, c’est qu’il s’agit d’un centre de coûts qui gère notamment les pièces détachées et le support de PPS. Dans un contexte où les marges des PC tangentent le zéro et où les ventes d’imprimantes semblent irrémédiablement sur le déclin (-5% au dernier trimestre), les salariés concernés s’interrogent : jusqu’à quel point HP Inc. pourra les soutenir ? Ne seront-ils pas les premiers à être conduits sur l’autel du sacrifice ? « On voit venir des gels d’activité au profit de sous-traitants ou de partenaires », s’inquiète un délégué syndical.

Mêmes inquiétudes pour le futur HPCCF Enterprise, qui abrite notamment les services d’infogérance et le support de l’actuel HP Enterprise Group : « cette filiale a-t-elle un avenir ? », s’interrogent ouvertement les salariés sur le blog. « Que se passera-t-il quand HPCCF Enterprise sera en redressement ou en liquidation [asphixié par] les gens sur le bench [en intercontrat] et les délocalisation ? »

Pas de suppressions de postes massives cette année

Certes, il est peu probable qu’il y ait des suppressions de postes en masse cette année : « il n’y a pas de véhicule pour cela », note un délégué syndical central. « Surtout, il est exclut de faire des vagues avant la scission », abonde son collègue. Mais nombreux sont les salariés à s’attendre à des annonces l’année prochaine. La France semble avoir d’autant moins de chances d’y échapper qu’elle a été globalement épargnée jusque-ici par le plan de 55.000 suppressions d’emplois annoncé par le groupe pour la période 2012-2015 – sans compter les 5.000 suppressions supplémentaires annoncées il y a quelques jours, lors des résultats trimestriels. De surcroît, 23% des emplois de HP France sont considérés comme en décroissance, c’est à dire menacés à cours ou moyen terme, selon le recensement fait lors de la mise en place de son accord de gestion prévisionnelle des emplois et carrières (GPEC) l’année dernière.

Anticipant, ces annonces, certains syndicats ont donc tentés d’obtenir des engagements de la direction dans le cadre de la négociation sur l’accord de méthode pour le maintien des sites et des emplois. En vain. La direction s’était en revanche engagée à maintenir les statuts des salariés transférés au-delà des 15 mois réglementaires et avait accepté de prolonger les accords GPEC jusqu’en 2018. Des engagements restés lettre morte pour l’instant, faute d’accord.

Le calendrier de la scission

On en sait plus plus sur le calendrier de cette scission. Le processus de consultation des instances représentatives (CE, CHSCT, comités d’établissements) doit débuter le 30 mars et s’achever dans un délai de 90 jours (en application de la loi sur la sécurisation de l’emploi). La scission juridique, prévue normalement le 1er août dans les autres filiales du groupe à la législation sociale moins contraignante, est fixée au 1er septembre. Néanmoins, la fusion opérationnelle en France devrait intervenir dès le 1er août.

Une scission complexe

La scission de HP impressionne par sa complexité. Par exemple, la filiale française a recensé pas moins de 2.900 applications à traiter en vue de la séparation. Inévitablement, « HP a tendance à s’occuper beaucoup de la scission actuellement et moins des clients », regrette un délégué syndical

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