En 2014, IBM a réalisé environ 7 milliards de dollars de chiffre d’affaires en services cloud (IaaS, PaaS et SaaS). Juillet marque une date importante dans la stratégie Cloud de Big Blue

avec le rachat de SoftLayer pour un montant de 2,1 milliards de dollars. L’année dernière, IBM a annoncé un investissement de 1,2 milliard de dollars pour la création d’une quinzaine de data centers dont un à Paris inauguré en octobre dernier. Aujourd’hui, la stratégie d’IBM dans le cloud repose pour une grande part sur SoftLayer.

Alors que Big Blue vient de nommer Robert LeBlanc aux commandes de la Cloud Unit nouvellement formée, Lance Crosby, fondateur et CEO de SoftLayer, a donné sa démission pour des raisons personnelles et indiqué que l’intégration de sa société dans Big Blue était achevée. C’est dans ce contexte qu’InformatiqueNews a rencontré Marc Jones, CTO de SoftLayer et Juliette Macret, Directrice Cloud Computing IBM France.

InformatiqueNews : A quel moment êtes-vous entré chez SoftLayer ?
Marc Jones :
En août 2010, la firme de capital-investissement GI Partners a acquis la majorité du capital SoftLayer en août, et organisé la fusion avec la société The Planet Internet Services en novembre de la même année, qu’elle détenait également. La fusion s’est faite sous la marque SoftLayer. J’étais alors dans la première structure et est donc intégré l’entreprise résultant de la fusion. J’étais responsable de l’innovation produit. J’ai alors travaillé au développement de notre solution d’orchestration baptisée IMS (Infrastructure Management Software), un logiciel comparable à OpenStack, puis à l’amélioration de ses performances, de sa stabilité… IMS est encore aujourd’hui au cœur de notre infrastructure de cloud sachant que notre principal objectif était et reste l’automation de l’ensemble des opérations du data center et la limitation autant que faire se peut des interventions humaines.

InformatiqueNews : quelles sont les raisons pour cette automatisation ?
M.J. :
Parmi les nombreuses raisons qui militent pour cette automatisation, la réduction des coûts et les performances du data center sont prioritaires qui doit se traduire par une mise en service très rapide d’une nouvelle ressource. Notre offre est organisée en deux catégories : des machines virtuelles qui peuvent être mises en route quasi instantanément, des serveurs bare metal qui nécessitent un peu plus de temps mais doivent être proposés très rapidement, moins de quatre heures. Dans ce dernier cas de figure, le client choisi sa configuration (processeurs x86 et Power depuis l’année dernière, mémoire, OS, stockage – SAS, SATA ou SSD -, châssis 1U, 2U, 4U…). L’automatisation peut être très élevée dans le premier cas, moins dans le second. Les utilisateurs qui choisissent des solutions bare metal s’inscrivent plutôt dans la durée avec des besoins d’évolutivité. Nous leur proposons des tarifs à l’heure ou au mois.

InformatiqueNews : Au début de SoftLayer, votre cible était principalement constituée de PME, Qu’en est-il aujourd’hui ?
 M.J. : Dans les premiers temps, nos clients étaient des startups, des PME très centrées sur Internet à forte composante technique et quelques départements de grandes entreprises. L’entrée dans IBM nous a ouvert le monde des grands comptes. Parmi ceux-ci, on peut citer, Samsung, Citrix (qui est aussi un partenaire), Lufthansa, la compagnie aérienne chilienne Lan Airlines, Daimler…

InformatiqueNews : Pouvez-vous présenter l’offre de services cloud d’IBM aujourd’hui ?
M.J. : Nous sommes présents sur les trois niveaux des services : IaaS, PaaS et SaaS. L’offre IaaS repose sur SoftLayer pour des machines virtuelles ou des serveurs bare metal, et sur CMS (Cloud Managed Services) dans le cadre de services managés. Un niveau au-dessus, notre offre Bluemix, qui inclut à la fois le développement et l’opérationnel, et repose sur l’infrastructure SoftLayer. Enfin, au niveau du SaaS, nous avons plus d’une centaine de solutions disponibles qui sont peu à peu migrées sur l’infrastructure SoftLayer. Nous avons également une place de marché – également fondée sur SoftLayer – sur laquelle nos partenaires peuvent proposés leurs applications. Les deux data centers pour notre offre SaaS sont basés à Dallas et Amsterdam. Mais, clairement, SoftLayer est la fondation sur laquelle IBM construit sa stratégie et son offre cloud.

InformationNews : Comment s’est passée l’intégration dans IBM ?
M.J. :
IBM a eu l’intelligence de nous laisser la bride sur le cou pour poursuivre notre développement tout en mettant à notre disposition les ressources – marketing, commerciales… – dont nous pouvions avoir besoin et que nous demandions. Nous avons gardé une très forte autonomie. Bien sûr, nous étions une partie importante de la stratégie d’IBM. Par exemple, les investissements pour construire de nouveaux data centers et nous assurer ainsi une meilleure couverture monde avec l’ouverture d’un data center à Paris en octobre dernier. Et nous allons encore ouvrir de nouveaux data centers au premier semestre 2015.

InformationNews : Dans son Magic Quadrant, Gartner ne vous place que dans la catégorie des visionnaires, loin derrière AWS et Microsoft. Comment vous positionnez-vous par rapport à vos concurrents ?
M.J. :
Nous sommes principalement concentrés sur notre propre activité et le développement de nos services. Nous entendons renforcer nos éléments différenciant. D’abord un ensemble de data centers dans un réseau global et unifié. Une offre importante de serveurs bare metal qui existe depuis le début et que nous allons maintenir. Une grande transparence selon laquelle nous fournissons à nos clients toutes les références des ressources mises à disposition et qui leur garantit que leurs ressources ou leurs données sont bien là où il souhaite qu’elles soient. Un bon niveau de performance avec en particulier un niveau très bas de latence. Jusqu’ici, Gartner ne tenait pas compte de l’offre bare metal dans les offres IaaS car pour beaucoup d’analystes cloud suppose virtualisation. Mais le cabinet a intégré cette dimension dans son dernier questionnaire.

InformationNews : Quelles sont les autres critères de performances ?
M.J. :
Quand les clients souhaitent plus de performance, il est facile de répondre en évolutivité horizontale (scale-out). Mais pour des applications – big data (Mango, Cassandra), applications sollicitant les entrées/sorties, bases de données, il est judicieux d’évoluer d’abord verticalement (scale-up) et ensuite en scale-up.

InformationNews : Comment achetez ces services cloud ?
M.J. :
Les experts techniques, qu’ils soient dans des startups ou des grandes entreprises, préfèrent pouvoir choisir seuls leurs solutions via un notre site Internet. A l’inverse, certaines entreprises préfèrent utiliser leur canal habituel et solliciter leur commercial. D’ailleurs, différentes personnes dans la même entreprise peuvent faire appel à ces deux canaux.

Juliette Macret, Directrice Cloud Computing IBM France
InformationNews : Quelle est la situation en France ?

Juliette Macret : Nous observons en France les mêmes tendances que dans les autres pays européens et nous travaillons sur des projets comparables. La transformation numérique des entreprises est un vecteur de développement du cloud. Il y a deux ans, les entreprises voyaient dans le cloud un avantage technologique. Aujourd’hui, le cloud est plus intégré à son activité et peut jouer un rôle dans la transformation des business models.

Le cloud hybride est une des voies qui permettra aux entreprises d’intégrer leur IT traditionnelle avec ce nouveau monde dont nous ne connaissons pas encore les limites. Permettant par exemple de valoriser les données existantes et de les associer avec d’autres. Aujourd’hui, nous aidons nombre d’entreprises à faire le lien entre ces deux mondes. Le cloud est le vecteur de cette révolution et pousse les entreprises vers de nouveaux horizons. Pour les atteindre, nos interlocuteurs sont à la fois les DSI, les métiers et les développeurs dans une approche collaborative. En quelque sorte, le cloud hybride permet la convergence des techniques mais aussi des personnes. Et IBM est bien positionné dans cette nouvelle approche.

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