Présenté il y a quelques jours, le portefeuille électronique d’Apple (Apple Pay), sera disponible lundi aux Etats-Unis et réveille un marché qui a du mal à décoller.

Dans dix ans, on regardera peut-être les cartes de paiement comme des vestiges d’un passé pas si ancien mais si lointain et comme objets aussi datés que les cassettes vidéo ou les machines à écrire. Les paiements seront alors réalisés par des portefeuilles électroniques (eWallet ou Digital Wallet). Le cabinet de conseil Carlisle & Gallager Consulting définit un mobile wallet comme « une app pour un smartphone ou une tablette qui permet à l’utilisateur d’organiser un ensemble de cartes de paiement, de coupons, de cartes de fidélité, de bon d’échange… et assurer l’identification en vue d’une transaction financière ».

Contrairement aux iPod, iPhone, iPad pour lesquels Apple était un pionnier, sur le portefeuille électronique, la firme à la pomme arrive après de nombreux autres acteurs. Car le paiement est une étape majeure de la chaîne de valeur. Selon le cabinet McKinsey, le client interagit deux fois par jour avec sa banque sur une question liée à un paiement (achat d’un produit financier, vérification d’un paiement ou paiement proprement dit…).

C’est donc aujourd’hui que les acheteurs pourront effectuer ses paiements en ligne avec leur iPhone 6 et iPhone 6 Plus en touchant la simple Touch ID. Les capacités de paiement électronique seront étendus aux nouveaux iPad Air2 et iPad mini 3 et d’ici à l’année prochaine avec l’Apple Watch. 35 distributeurs supporteront ce système de paiement avant la fin de l’année soit une part infime de la distribution. Côté banque, les banques américaines qui supportent le système Apple Pay représentent plus de 80 % des cartes de crédit. Dans la présentation qu’il a faite il y a un peu plus d’un mois, Tom Cook a mis en avant la sécurité du système. En particulier, les informations de la carte de crédit incluant le nombre à 16 chiffres n’est pas stocké sur l’iPhone. Mais un système de jeton permet de générer un nombre baptisé Device Account Number (DNA) de jouer le rôle de liaison avec l’identifiant de la carte de crédit. Et c’est le DNA qui est utilisé lors des transactions. De telle sorte que, si un utilisateur perd ou se fait voler son smartphone, le DNA peut être simplement désactivé et il n’est pas nécessaire de réémettre une nouvelle carte. Le DNA permet de sécuriser les paiements et seul le propriétaire du mobile a accès à son relevé. Le DNA est créé, chiffré et stocké dans une puce séparée, non accessible par iOS et non téléchargé sur iCloud.

e portefeuille électronique n’est pas une idée nouvelle. La première génération était en fait un porte-monnaie sous la forme d’une carte prépayée rechargeable – carte Moneo – permettant de prendre en charge les petits paiements utilisables sur certains terminaux. Ce dispositif a eu un succès extrêmement limité et est utilisé surtout quand il n’y a pas d’autres alternatives comme le paiement du stationnement de véhicules. La deuxième génération dite du portefeuille électronique. Le terme portefeuille est d’ailleurs impropre puisque le dispositif qui hébergera l’application – smartphone ou tablettes – ne contient pas d’argent mais ne fait qu’assurer le transfert de fonds du compte de compte à compte.

Comme toujours, le portefeuille électronique est une innovation qui s’est développée à l’initiative non pas des banques mais des acteurs d’autres secteurs notamment de l’Internet rappelait Atos Consulting à l’occasion de la première édition de la conférence Banque & Innovation qui s’est tenu fin septembre Paris. Actuellement, Paypal est le leader incontesté des paiements en ligne par wallet dans le monde (106 millions de comptes actifs) et 18% de l’e-commerce mondial en 2014. La stratégie des acteurs vise à terme à déporter le paiement virtuel vers le monde des paiements physiques en ligne de caisse. Mais sur ce marché des paiements en ligne par wallet, les cartes devraient être amené à être complètement rebattues et il semble bien difficile de prévoir quels seront les acteurs qui s’imposeront. Dans ce domaine, le sentiment de sécurité et de protection des données personnelles sera un facteur déterminant. Tant que les utilisateurs ne seront pas convaincus sans faille sur ces deux points, les fournisseurs prêcheront dans le désert et les utilisateurs continueront à payer avec les moyens traditionnels.

A l’horizon 2018, 1 smartphone sur 5 devrait incorporer des fonctionnalités de wallet selon l’étude Mobile Wallets: Strategies for Developed and Developing Markets 2014-2019 publiée en mai dernier par le cabinet Juniper Research. 1 sur 3 des smartphones doté d’un portefeuille électronique devrait utiliser des technologies sans contact. Selon le cabinet américain, deux modèles devraient s’imposer sur le marché des portefeuilles électronique. Le premier modèle selon lequel le smartphone jour plutôt le rôle de porte-monnaie et est utilisé principalement pour des utilisateurs qui ne possèdent pas de comptes en banque. Le second où le smartphone utilise une app qui réalise le transfert de la banque vers le destinataire du paiement et utilise des techniques sans contact. Ce modèle s’appuie sur le logiciel HCE (Host Card Emulation) qui permet à un app de communiquer avec un terminal de paiement via la technologie NFC (Near Field Communication). Comme son nom l’indique, HCE émule le fonctionnement d’une carte à puce ce qui ne nécessite pas de changer de changer le logiciel utilisé par le terminal de paiement. Avec HCE, une application sur un mobile fonctionnant avec la version 4.4 d’Android – à partir de cette version, Google a rendu HCE compatible avec Android – peut émuler une carte à puce NFC.

En France, les acteurs commence à fourbir leur armes et être prêts quand le marché va décoller. Il y a eu Paylib par BNP Paribas, La Banque Postale et Société Générale, …

 

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