Quelles sont les principales orientations channel de HP France pour l’année fiscale 2014 ? Et comment HP prévoit de les mettre en œuvre ? Les détails fournis par HP et les commentaires des partenaires.


HP garde le cap. En 2014, le constructeur entend poursuivre les efforts entrepris depuis un an pour remettre les partenaires au cœur de sa stratégie. « L’objectif est de faire monter le poids de l’indirect dans les ventes de HP », explique Bruno Buffenoir, vice-président ventes de HP France. Les partenaires pourraient ainsi passer à terme de 60% à 90% des revenus de sa division infrastructures (EG).

Trois marchés prioritaires et trois leviers partenaires

Pour cela, HP investit dans trois directions avec ses partenaires : les PME, les infrastructures réseaux et stockage, et les infrastructures en mode service. Trois domaines où HP estime avoir un potentiel important de gain de parts de marché s’il parvient à s’attacher l’appui du channel. À cet égard, il utilise trois leviers principaux : l’engagement stratégique, l’engagement terrain et la fluidification de ses process.

L’engagement stratégique consiste à établir des business plans communs avec les partenaires. Des business plans pouvant aller jusqu’à trois ans pour certains dont la finalité est de définir des priorités et de préciser les engagements réciproques, notamment dans le cadre de la mise en place d’actions communes.

Des actions communes qui relèvent justement des engagements terrain. HP peut ainsi classiquement participer au financement de leurs événements mais aussi financer tout ou partie de leurs certifications ou mettre des ressources à disposition (en moyens et en hommes) pour réaliser des mailings communs, des sites Internet dédiés, des opérations spéciales… Compufirst, le site marchand dédié aux PME, est par exemple très consommateur de ce type d’opérations.

HP va transférer des comptes clients directs aux partenaires

Autre exemple d’initiative terrain : la mise en place d’une équipe dédiée à l’accompagnement des hébergeurs et autres fournisseurs de services managés, population clé pour développer les infrastructures en mode service. Toujours dans le même registre : la délégation de territoires. Un programme qui consiste à basculer vers des partenaires choisis des clients (ou des prospects) servis (démarchés) jusque-là en direct. L’intérêt pour le client (en général des ETI régionales) est de bénéficier d’une meilleure capillarité tout en bénéficiant d’une relation contractuelle avec HP.

Quant au partenaire, il bénéficie d’une protection de ses investissements sur ces comptes. Cette initiative, en cours de déploiement, est pour l’instant réservée à ses six partenaires Platinum (SCC, Cheops, Antemeta, APX, ITS Group et Computacenter). Et même si elle est susceptible d’être étendue à quelques-uns de sa vingtaine de Gold à l’avenir, elle devrait rester cantonnée à un cercle relativement restreint de partenaires.

De fait, les partenaires sont assez sceptiques sur les retombées potentielles de ce programme. « Il ne faut pas rêver », résume l’un d’eux. « Il y a bien longtemps que les intégrateurs ne doivent plus rien attendre des constructeurs et éditeurs en matière de transfert de business. Ceux qui, dans le passé, ont fondé leur stratégie de développement sur ce type de transfert de business ou qui en dépendaient trop sont TOUS morts aujourd’hui… (Ares et Overlap en faisaient partie). Ceux qui ont le pouvoir, ne sont pas ceux qui font le plus gros chiffre d’affaires mais ceux qui par leur relation et leur expertise technologique s’attachent les clients ! »

Néanmoins, l’initiative suscite des a priori plutôt positifs. « Il n’y a pas de « bascule » à proprement parler de comptes vers les partenaires mais les clients redécouvrent peu à peu les atouts de l’achat indirect, et cela est facilité quand les fabricants n’ont plus de discours extrémistes sur le sujet », explique le patron d’un corporate reseller. « La délégation de territoire est une initiative positive car elle va dans le sens de la recherche de proximité et de connaissance du tissu économique régional que recherchent les clients », juge pour sa part Christian Manceau, directeur des partenariats du Nantais Tibco.

Des tableaux de bord pour mesurer le ROI de son partenariat

Troisième levier : la fluidification des process (commandes, certifications, rémunérations). Sur ce chapitre, HP a déjà plusieurs réalisations concrètes à son actif depuis un an. Le constructeur a ainsi amélioré son outil de cotations (Smart quote)  et remis à plat son programme de marges arrières. Un outil (MyComp Optimizer) permet désormais de suivre leur évolution en temps réel. Un bon moyen de mesurer le retour sur investissement de son partenariat. Il est également possible de consulter l’état de ses certifications et notamment de visualiser ce qu’il reste à faire en fonction de ses objectifs.

Des transformations qui ont aussi touché l’équipe channel. Formations, coaching et recrutements… Celle-ci a adopté une approche plus orientée business qui s’est traduite pour les partenaires par une réduction du nombre de leurs interlocuteurs dédiés pour une meilleure efficacité. Des efforts presqu’unanimement salués par les partenaires même si certains appellent HP à aller encore plus loin.

HP exige plus d’implication et d’exclusivité

Bien entendu, HP réserve un certain nombre de ces avantages à ses partenaires les plus impliqués, notamment ceux qui poussent l’ensemble du catalogue, à commencer par ses produits réseaux et stockage, et ayant fait les efforts de certification requis. Des efforts de certification qui restent contraignants même si, chacun le reconnaît, c’est le prix à payer pour préserver des marges décentes aux partenaires.

De fait, le nombre de partenaires certifiés a eu plutôt tendance à se réduire ces derniers temps en raison du relèvement du niveau d’exigence global de HP (notamment sur les critères de certification et de seuils de chiffre d’affaires). Ainsi, le nombre le nombre des partenaires détenant les plus hauts niveaux de certification (Silver, Gold et Platinum) est-il revenu à une soixantaine actuellement contre 80 à 90 il y a un an (les Prefered Gold à l’époque), soit 25 à 30% de moins.

Une évolution qui n’est pas pour déplaire aux plus certifiés. « C’est une très bonne chose, estime ainsi Nicolas Leroy-Fleuriot, PDG de Cheops Technology. Les partenaires qui ont massivement investi sur ces technologies complexes doivent voir leur investissement récompensé par des remises améliorées face à ceux qui ne portent pas les couleurs HP. Le fait qu’il y ait moins de partenaires certifiés au plus haut niveau (Platinum) est une très bonne chose, une forme de sélection naturelle qui s’imposait… ».

Un système de certifications encore perfectible

« Je pense que c’est nécessaire qu’une certification est un vrai sens. J’invite même HP à rémunérer à part l’avant-vente. Pourquoi pas dans un programme qui aurait la même forme que ceux pratiqués par certains éditeurs américains », lance Philippe Goullioud, directeur général distribution d’Econocom.

En revanche, sans revenir sur le principe de la certification, les plus petits partenaires pointent les failles du système. « Nos techniciens viennent de passer une semaine à se former sur des produits d’ancienne génération », regrette l’un d’eux, qui rappelle au passage qu’on peut se procurer les tests sur Internet pour des sommes dérisoires. Un autre, jusque-là certifié Converged Infrastructure, se plaint de devoir tout repasser cette année, les programmes ayant changé d’une année fiscale à l’autre.

Des critiques que semble néanmoins avoir entendues HP. « Les contenus et alignements des programmes de certification sont en train d’être revus afin d’être moins consommateurs de temps et plus adaptés aux réalités du terrain », note Maud Samagalski. Et après discussions avec certains revendeurs, elle prévoit de réaménager légèrement les seuils de chiffre d’affaires pour favoriser l’entrée de quelques partenaires Silver au niveau Gold. Date cible de refonte : novembre 2014.