Trop grosse pour être absorbée par un concurrent direct, la division PC de HP pourrait intéresser un fonds d’investissement. Dell se contenterait de récupérer des parts de marché à bon compte. Oracle se tient en embuscade.

 

Qui est susceptible de racheter la division PC de HP ? C’est la question qui taraude partenaires et clients depuis que le constructeur a annoncé son intention de se séparer de cette activité. Paradoxalement, celle-ci sera d’autant plus difficile à vendre qu’elle ne manque pas d’atouts. Leader sur son marché, elle pèse 40 milliards de chiffre d’affaires, emploie quelque 100.000 personnes et dégage une marge opérationnelle confortable – 6% – au regard des ratios en vigueur dans son secteur. Du coup, sa valorisation est relativement élevée : entre 8 à 12 milliards de dollars, selon les analystes (cités notamment par Reuters, Bloomberg et Silicon Valley BizBlog).

 

Un tel gigantisme ne la met pas à la portée de n’importe qui. Dès les intentions de HP connues, tous les regards se sont tournés vers les fabricants asiatiques. Mais seuls Lenovo et Samsung auraient les moyens de se l’offrir. Interrogé par Reuters, Samsung a déclaré n’être pas intéressé. Quand à Lenovo, il est actuellement occupé à intégrer Medion , qu’il vient juste de racheter, et Nec au Japon. Et pour l’un comme pour l’autre cela n’irait pas sans poser de nombreux problèmes, ayant pour politique de tout faire en interne alors que HP confie sa production à des sous-traitants, notamment à Quanta qui fabrique environ 30% de ses portables.

 

Autre candidat potentiel : Dell, dernier constructeur américain avec Apple à se maintenir sur le marché des PC. Mais lui aussi privilégie désormais les segments à plus forte valeur ajoutée, ce qui rend peu probable une offre de sa part. De part sa position de numéro deux du marché et récemment converti au modèle indirect, il serait le mieux placé pour récupérer à bon compte les partenaires et les clients déçus de HP si d’aventure les choses tournaient mal (et les rachat de Compaq et IBM PC ont montré qu’à chaque fois les concurrents récupéraient des clients des entreprises rachetées). Dernière option, le rachat par des fonds d’investissement. HP aurait déjà reçu une douzaine d’offres en ce sens.

 

Mais pour beaucoup d’observateurs, il est peu probable que la vente, si vente il y a, se fasse d’un seul bloc. HP pourrait par exemple séparer les activités grand public des activités professionnelles et ne vendre que les premières dans un premier temps. Avantage : cela permettrait de proposer un package plus abordable. Dans ce cas là, l’acheteur tout désigné serait Samsung mais Acer ou Asus pourraient aussi être sur les rangs pour raffermir des parts de marché en berne (les livraisons d’Acer on ainsi décru de 50% au deuxième trimestre en France selon Gartner). Dans tous les cas, la vente à un concurrent conduirait inévitablement à d’importantes restructurations, chacun d’eux étant plus ou moins déjà confronté à la nécessité de rationnaliser son organisation dans le contexte actuel de rétrécissement du marché.

 

Enfin, parmi à pouvoir potentiellement profiter de la transformation stratégique de HP : son ennemi juré Oracle, dont une source proche citée par le New York Post, le dit « prêt à bondir » pour profiter de sa faiblesse boursière actuelle. Le titre a en effet dévissé de 20% supplémentaires vendredi 19 au lendemain de l’annonce de Leo Apotheker tombant à moins de 24 dollars et effaçant 10 milliards de dollars de capitalisation boursière. Depuis février dernier, son cours a ainsi été divisé par deux. Ce qui fait de HP une cible potentielle d’OPA pour Oracle.