Les revenus grand public des opérateurs télécoms ont baissé de 8,3% en un an à 9,4 milliards d’euros selon l’Observatoire du marché publié par l’Arcep. Cela malgré la forte croissance du marché de la

téléphonie mobile (+11,4% pour le seul quatrième trimestre). Cette forte croissance n’a en effet pas empêché les revenus de ce secteur de décrocher de 14,0% pour l’ensemble de l’année à cause notamment des forfaits à faible coûts proposés par Free Mobile.

C’est dans ce contexte que le conseil de surveillance de Vivendi a finalement choisi à l’unanimité Numericable comme acquéreur de SFR. Le groupe annonce dans un communiqué avoir fait son choix en fonction de 5 critères.

Le premier d’entre eux est la qualité du projet industriel.  » Le projet d’Altice/Numericable repose sur une convergence mobile-fixe, avec des synergies découlant de l’interdépendance des réseaux respectifs des deux entités fusionnées. Les positions de SFR-Numericable dans le très haut débit fixe et mobile créeront de nouveaux leviers de croissance, une accélération du nombre de lignes connectées et des offres de très grande qualité pour les entreprises et les consommateurs. Elles offriront également d’importantes opportunités de développement dans le quadruple play et les nouveaux usages. Elles s’inscrivent dans la logique du plan France Très Haut Débit lancé en février 201 « , explique le communiqué.

Le second critère est la pérennité de l’emploi. Le projet industriel d’Altice/Numericable garantirait, selon Vivendi, pleinement le développement de l’emploi dans la durée, notamment par les investissements qu’il implique.  » Cela correspond également aux priorités affichées par le gouvernement « , précise le document tachant ainsi Arnaud Montebourg, fervent supporter dans cette affaire de Bouygues Telecom.

L’offre d’Altice/Numericable présenterait par ailleurs les risques les moins élevés en matière de concurrence.  » SFR et  Numericable ne sont pas présents sur les mêmes segments de marché et leurs activités sont complémentaires « , justifie le communiqué.

Enfin, dernier critère et non des moindres : l’intérêt financier de l’opération. Vivendi estime avoir retenu l’option la mieux équilibrée entre le numéraire reçu immédiatement et la participation en titres lui permettant de bénéficier de la valorisation totale la plus élevée.
Les 13,5 milliards d’euros reçus immédiatement, un complément éventuel de 750 millions d’euros en fonction des résultats futurs, et la cession ultérieure de la participation de 20% dans l’opérateur devrait totaliser plus de 17 milliards d’euros, estime Vivendi. Une somme équivalente à la valorisation proposée par Bouygues ,soit 15,5 milliards d’euros en cash et les 10% de participation conservés par le groupe des médias.


L’autorité de la concurrence arbitre suprême

Le président de Vivendi, Jean-René Fourtou, a convenu dans Les Echos que c’étaient les problèmes de concurrence posés par une alliance avec Bouygues qui ont fait pencher la balance en faveur d’Alice.  » Un rapprochement avec Bouygues aurait créé un groupe avec 47% de part de marché en valeur dans le mobile, ce qui était intenable au plan de la concurrence. Le régulateur aurait demandé des remèdes très importants afin de rééquilibrer le marché « , a-t-il déclaré à nos confrères, estimant que la cession du réseau mobile et de certaines fréquences à Free  » allait dans le bon sens «  mais n’était pas suffisante.

Chez Bouygues on marque le coup mais on ne s’estime pas vaincu. Un proche de l’opérateur a fait savoir à nos confrères du Monde que le groupe réfléchissait à des poursuites juridiques.  » On va leur mettre des bâtons dans les roues jusqu’au bout « , a-t-il promis. La possibilité offerte à Numericable de composer ses propres bouquets de chaînes de TV payantes, la bonne position du câblo-opérateur sur le marché des entreprises seraient ainsi contestées devant l’autorité de la concurrence. Cette dernière ne devrait, quoi qu’il en soit, pas donner son avis avant la fin de l’année. D’ici-là beaucoup d’eau risque de couler sous les ponts.