Malgré la généralisation des sauvegardes et des hébergeurs, les pertes de données accidentelles se multiplient. C’est ce que nous explique Paul Dujancourt,directeur général de Kroll Ontrack France.


Channelnews : Quelle est l’activité de Kroll Ontrack?


Paul Dujancourt : Nous nous occupons de data recovery. Nous faisons également de la recherche de preuves sur les supports numériques. Il nous arrive par exemple de travailler pour des juges d’instruction. C’est en quelque sorte une niche dans la niche. Nous prenons aussi en charge la suppression des données sur les systèmes en fin de vie.

Qui sont vos clients ?

Paul Dujancourt : Nos clients sont des entreprises et, beaucoup plus rarement, des particuliers. Lorsqu’une perte de données se produit, on n’est jamais prêt. Nos revendeurs non plus. C’est tellement rare. Le premier réflexe du revendeur confronté au problème du client est de se charger lui-même de la récupération de données. Le second réflexe est de nous contacter car il n’a pas réussi.

On est toujours dans une situation d’urgence car le client est encore moins prêt à la perte de données. Il est pris de panique et le revendeur doit faire face à cette panique.

Combien de revendeurs comptabilisez-vous ?

Paul Dujancourt : Nous avons10.000 partenaires enregistrés en France. Certains d’entre eux ne nous appellent qu’une fois l’an.

Depuis deux ou trois ans, nous assistons à une augmentation des demandes difficiles à satisfaire par les revendeurs. Si on n’a pas les compétences nécessaires, on tue le disque.

C’est pourquoi nous avons mis en place une certification de nos partenaires. Nous avons produit cinq vidéos qui les sensibilisent à plusieurs aspects qu’ils doivent gérer face à un client paniqué. Il faut leur éviter de se laisser embarquer dans des situations inextricables. D’autres vidéos expliquent les techniques de base ou montrent comment récupérer des données virtualisées.

Comment expliquez-vous la hausse des perte de données alors que les entreprises font de plus en plus appel à des hébergeurs ?

Paul Dujancourt : La masse des données continue à croître. Elle croît plus rapidement que la protection associée. Les pertes de données se produisent également dans les datacenters, dans les environnements virtuels. Nous rencontrons cela plusieurs fois par mois. Cela dit, cela se produit presque tous les jours pour les systèmes réels, à cause d’erreurs humaines ou de bugs logiciels. Il peut s’agir d’une sauvegarde qui n’est pas faite correctement pour une question de budget. Le backup se fait-il ? Si oui, se fait-il bien ? L’évolution des systèmes de backup ne suit pas l’évolution des données dans l’entreprise.


La certification de vos revendeurs est-elle payante ?

Paul Dujancourt : Les partenaires enregistrés ne paient rien. Nous avons intérêt à ce qu’ils ne nous envoient pas de données irrécupérables. Ils bénéficient par ailleurs d’autres avantages. Ils sont prioritaires et jouissent d’avantages tarifaires.

Cela dit, nous n’avons pas l’intention de nous limiter à la distribution de cinq vidéos. Il s’agit d’une initiative lancée aux Etat-Unis, que nous testons à présent en France, en Allemagne, au Benelux, en Grande-Bretagne et en Norvège. Nous allons bientôt l’enrichir. Il s’agit d’une première brique qui nous a tout de même demandé deux hommes/mois de travail.