Selon Pierre-Yves Dargaud, président-fondateur du cabinet AP Management spécialisé dans les fusions et acquisitions dans le secteur IT, les transactions repartent sur les chapeaux de roue depuis le début de l’année.

Channelnews : Après une année 2012 marquée par une baisse* des transactions en nombre et en volume de chiffre d’affaires échangé, vous signalez dans votre dernier baromètre des acquisitions IT un retournement spectaculaire sur la première moitié de 2013.

Pierre-Yves Dargaud : En effet, notre activité est particulièrement intense depuis l’été 2012. Nous n’avons jamais eu autant de missions ouvertes. Cela concerne surtout les SSII. Et le volume des acquisitions dépasse déjà le milliard d’euros, soit autant que pour l’ensemble de l’année 2012.

À quoi est dû selon vous ce regain d’activité ?

Pierre-Yves Dargaud : C’est toujours difficile de commenter à chaud les « stops & go » du marché. Je dirais que le mur d’incertitudes qui a entravé les transactions en 2012 commence à se résorber. Les marchés financiers repartent à la hausse et l’aléa fiscal qui a donné naissance au mouvement des pigeons a disparu. La loi de finance qui devrait être votée prochainement entérine un quasi statu quo par rapport à la situation antérieure.

Du coup, les investisseurs se détendent et cela nous redonne des interlocuteurs. Certains se disent que c’est le moment de vendre car ils estiment avoir de beaux actifs et des perspectives favorables.

On peut aussi rappeler que plusieurs facteurs favorisent la croissance du flux des acquisitions à long terme.

Lesquels ?

Pierre-Yves Dargaud : Le marché reste très atomisé, ce qui favorise la concentration. Les grands acteurs ont besoin d’alimenter leur croissance et d’évoluer vers plus de valeur ajoutée. Les plus petits cherchent à renforcer leurs spécificités sectorielles et technologiques. Il y a aussi les acteurs internationaux qui cherchent à simplanter en France, notamment les indiens qui voient leur débouchés aux USA se réduire. Les grands clients contribuent également au phénomène en réduisant le nombre de leurs fournisseurs et en écartant les plus petits acteurs. De même que le papy boom, qui conduit nombre de dirigeants à envisager une cession dans le cadre d’un départ à la retaite.

Est-ce le début d’un nouveau cycle ?

Pierre-Yves Dargaud : Il est trop tôt pour le dire. D’ailleurs, tout le monde ne s’est pas remis à l’achat pour autant. Et les acheteurs sont très prudents : les délais se sont allongés et la taille des transactions a légèrement baissé. Cela dit, 2013 semble consacrer le retour des gros deals, avec les rachats d’Acti (+100 M€ de CA), d’Osiatis (+300 M€), de HR Access (100 M€), de Neolane (44 M€ de CA mais achetée 460 M€)… Des opérations extraordinaires, qu’on n’avait plus vues depuis 2005 avec le rachat d’Unilog par Logica.

 

*Une année 2012 marquée par une baisse des fusions-acquisitions

Après deux années de forte croissance (respectivement +29% en 2010 et +63% en 2011) les rachats de sociétés françaises de logiciels et services informatiques ont baissé de 27% en volume de chiffre d’affaires cumulé à 1 098 millions d’euros. Les acheteurs français ont représenté 77% de ces achats (846 M€), les acheteurs étrangers le complément. Le nombre de transactions enregistrées (106) est également en baisse mais plus modérée à -15%

Les SSII ont représenté 73% des volumes (800 M€) en baisse de 31%. Mais le nombre de transaction reste élevé, avec 64 opérations (-13%), traduisant une baisse du chiffre d’affaires moyen des cibles. Les éditeurs ont représenté 42 opérations (-18%) et 298 M€ de chiffre d’affaires cumulé (-17%).

Le volume des acquisitions opérées par les français à l’étranger marque, quant à lui, une nouvelle progression : + 30% à 563 M€.