Suite au rachat de la société de services Owentis par son homologue Ozitem, nous avons demandé à leurs dirigeants respectifs Philippe Rèbre et Laurent Soulié ce qui motivait ce rapprochement. Interview croisée.

 

Channelnews : Vous venez de racheter Owentis*. Qu’est ce qui a motivé cette opération ?

 

Laurent Soulié : La complémentarité de nos deux sociétés. Nous n’avons qu’un seul client en commun et aucune offre redondante. Nos deux sociétés interviennent certes toute les deux dans le domaine de la virtualisation mais Owentis est orienté réseaux et sécurité alors que, en tant que spécialistes de la gestion et de l’évolution des infrastructures, nous sommes plutôt systèmes.

 

En quoi vos offres se complètent-elles ?

 

Laurent Soulié : Avec Owentis, on achète des expertises dans l’hébergement d’infrastructures, la sauvegarde à distance, l’installation de plan de reprise d’activité et les infrastructures à la demande (Iaas). De notre côté nous leur apportons notre savoir-faire en matière d’outillage de supervision. Tout le monde est capable de mettre des serveurs en racks et de les virtualiser. Nous avons-nous-même une vingtaine d’ingénieurs certifiés VMware. En revanche par manque de ressources et de capacité d’analyse, peu sont capables de mesurer la performance de leur système d’information.

 

Philippe Rèbre : On apporte un volet technologique supplémentaire. Ozitem ne faisait ni Saas, ni hébergement et très peu de réseaux et sécurité. Or on ne peut plus faire d’infrastructures sans avoir d’expertises dans ces domaines. Je suis convaincu que le Saas et l’hébergement eprésenteront au moins 20% des sociétés d’infrastructures dans les années qui viennent. Cette part ne fera que croître même si elle ne sera pas forcément majoritaire.

 

C’est votre première opération de croissance externe en vingt ans d’existence. Pourquoi maintenant ?

 

Laurent Soulié : Nous voulions grossir en commençant par un petit projet pour apprendre et pour une question de moyens (nous sommes sur fonds propres). Nous nous sommes croisé chez un client. Nous avions une vision et des valeurs communes…

 

Philippe Rèbre : En ce qui me concerne, je souhaitais faire grossir Owentis pour aborder des projets plus importants. C’est difficile de grossir rapidement en organique. Pour aller vite, il faut soit racheter, ce que j’ai cherché à faire, soit profiter d’une opportunité.

 

Comment comptez-vous intégrer Owentis ?

 

Laurent Soulié : Owentis restera juridiquement séparé d’Ozitem. La société garde son autonomie et ses dirigeants. L’entreprise a son énergie à elle. Il ne s’agit pas de la casser en l’intégrant. L’objectif est de mettre le turbo mais sans toucher au moteur. Il est important d’avoir l’adhésion des salariés.

 

N’y a-t-il pas une part de défensive dans ce rapprochement ? Au fond l’avènement du cloud ne menace-t-il pas votre métier traditionnel fondé sur l’exploitation des serveurs ?

 

Laurent Soulié : Je ne partage pas cette idée.  Pour l’instant, la fourniture d’infrastructures à la demande, notamment pour des besoins de débordement ponctuel, ce n’est pas notre marché. Certes, on voit bien grimper l’intérêt de nos clients pour Google Apps ou Open Office. Mais ce n’est pas embêtant pour nous. Certaines applications, comme la messagerie partiront dans le nuage, mais il faudra toujours gérer des serveurs applicatifs. Je crois plus à l’approche consistant à prendre en charge des applications stratégiques, en les hébergeant, en les dotant d’un PRA voire en les maintenant. Le fait est que l’on commençait à avoir des demandes en ce sens de nos clients. De fait, avec Owentis, on prend le train du cloud en marche mais je ne sais pas encore dire s’il s’agit d’un TGV ou un TER.

 

* SSII parisienne ayant réalisé près de 6 M€ de CA en 2010 avec une cinquantaine de collaborateurs. Le nouvelle ensemble réalisera plus de 24 M€ de CA consolidé et compte quelque 330 collaborateurs.