Dix-huit mois après la prise de contrôle d’Hélice, Olivier Pouligny, directeur général d’Umanis fait le point sur cette opération. L’occasion d’aborder la montée en puissance du Cloud, du SaaS et du big data.

Comment se porte Umanis ?

Olivier Pouligny : Umanis a prévu de faire 135 M€ de chiffre d’affaires cette année (pour un effectif de 1.700 collaborateurs). C’est 16% de plus qu’en 2013 et deux fois et demi plus qu’en 2010. Ces chiffres conjuguent croissance organique (8% à 10%) et croissance externe. Le chiffre d’affaires consolide ainsi 60% des revenus de Groupe Helice, dans lequel nous avons pris une participation majoritaire en 2013. Helice étant nettement déficitaire, cette opération a pesé sur le résultat net. Celui-ci est ressorti 1,5 M€ en 2013, au lieu des 3% du chiffre d’affaires que nous affichons en vitesse de croisière. Mais l’intégration d’Helice est un succès.

Umanis est connu pour son expertise en business intelligence et en digital. Pourquoi avoir pris le contrôle d’Helice, plutôt versé dans les services d’infrastructures ?

Olivier Pouligny : Précisément pour accompagner les clients sur leurs infrastructures de production et nous renforcer sur le Cloud et le SaaS, qui sont au cœur des nouveaux projets de nos clients. Aujourd’hui, Umanis représente la première force de frappe sur la BI en France. Mais nous nous positionnons surtout comme l’interlocuteur unique de la stratégie digitale de nos clients, avec l’ambition d’agréger le maximum de solutions : BI mais aussi gestion de la relation client, digital, infrastructures et production, big data…

Comment se répartissent ces activités et quelle sont leur dynamique ?

Olivier Pouligny : La BI – dont le big data est un prolongement – et le CRM pèsent 65% des revenus, les infrastructures 25% et le digital 10%. Ces activités sont globalement en croissance. La ligne de partage se situe plutôt entre les activités de régie/assistance technique, qui sont en décroissance d’environ 10%, et l’engagement en mode contractuel, qui progresse de 20%. Nous enregistrons de plus en plus de revenus récurrents liés au Cloud et au SaaS.

Le Cloud, le SaaS, le big data… ces nouveaux paradigmes sont-ils annonciateurs d’une remise en question de votre métier ?

Olivier Pouligny : Je ne crois pas. On assiste bien à une accélération du Cloud et du SaaS depuis deux trois ans. Tous les éditeurs se positionnent en mode locatif. Mais sans transformation radicale. Finalement le changement vient du poids grandissant des directions fonctionnelles qui s’affranchissent de la DSI notamment sur ces projets Cloud. Mais c’est un phénomène de balancier à mon avis. Côté big data, on assiste à une multiplication des données un peu partout. Encore faut-il exploiter ces gisements. Au départ on travaillait sur l’aspect statistique des données, avec le datawarehouse. Désormais on ajoute la dimension volumétrie massive. Mais cela reste une problématique de gestion de données.

Quels sont vos principaux partenaires et quelle est la part de votre activité négoce ?

Olivier Pouligny : Nos cinq principaux partenaires sont en toute logique les cinq principaux faiseurs dans le domaine de la BI : Microsoft, IBM, SAS, Oracle et SAP. Ces partenaires, que nous appelons les MISOS et dont nous arborons les niveaux de certification les plus élevés, irriguent 95% de notre activité. Ce qui ne signifie pas pour autant que nous nous en tenions à ces seuls partenaires. Dans le cadre de nos projets innovants et de nos activités de veille, nous développons des expertises sur les technologies de fournisseurs tels que MapR pour Hadoop, EasiWare et E-Deal dans le domaine du CRM, Anaplan, pour la finance ou Splunk dans le SIEM. Pour ce qui est du négoce, notre activité revente pure est faible. Néanmoins, force est de constater qu’avec la montée en puissance du Cloud et du SaaS, nous percevons une part grandissante de marge commerciale embarquée dans les contrats.

Quelles sont les recettes du succès d’Umanis ?

Olivier Pouligny : Je dirais qu’il y a la gestion des ressources humaines, la capacité à fournir des services industrialisés et la proximité. Sur le premier point, nous faisons en sorte de fidéliser nos collaborateurs clés dans la durée en leur proposant des perspectives d’évolution via la gestion prévisionnelle des emplois et des carrières (GPEC). On mise également sur la convivialité, notamment via les Jeudi d’Umanis, qui ont lieu une fois par mois et qui consistent à réunir les collaborateurs dans une brasserie pour un happy hour. Nous avons d’ailleurs commencé à appliquer la recette chez Hélice. Ces soirées peuvent rassembler jusqu’à 250 personnes à Paris.

Sur l’industrialisation des services. Le boddy shopping a fait son temps. On a atteint des seuils planchers en matière de prix. La seule manière de générer de nouveaux gains de productivité c’est de mettre en œuvre des centres de services et de tierce maintenance applicative. C’est un virage qu’on a commencé à prendre il y a dix ans. Aujourd’hui, nous en exploitons à Nantes, à Tours, à Toulouse et, depuis dix-huit mois, à Casablanca. Nous avons fait le choix du nearshore car les sujets que l’on traite nécessitent beaucoup d’aller-et-retour entre le client et nos équipes. Les centres de services représentent désormais près de 50% de l’activité (y compris la gestion de production et l’infogérance).

Quant à la proximité, il suffit de rappeler que nous comptons pas moins de quatorze agences régionales, les plus petites regroupant une vingtaine collaborateurs et les plus importantes jusqu’à une centaine. C’est un réel différenciateur sur notre marché.