Henri Viard et Thierry Clabault, respectivement ex-DG et ex-directeur commercial de Computacenter France viennent de prendre le contrôle de la société distribution parisienne CFI. Henri Viard explique sa démarche.


Pourquoi avez-vous racheté CFI Paris avec Thierry Clabault ?

Henri Viard : Parce que son fondateur Louis Benoliel souhaitait passer la main et que l’entreprise avait des bases saines tout en restant à notre portée en termes de valorisation.

En tant que concurrent, chez Computacenter, j’avais déjà pu me rendre compte de son étonnante capacité de résistance face aux trois poids lourds de la distribution que sont Computacenter, SCC et Econocom, et de sa résillience à la crise. C’est une entreprise gérée au cordeau, par une équipe de qualité, qui a toujours fait des bénéfices.

En ce qui me concerne, je cherchais à reprendre une entreprise de longue date. J’ai toujours été entrepreneur dans l’âme. Dès ma sortie de HEC il y a trente ans, j’ai commencé à étudier des opportunités et j’ai eu l’occasion de me positionner sur de nombreux dossiers de reprise au cours de ma carrière. J’ai sérieusement envisagé de reprendre un gros fleuriste, une entreprise spécialisée dans l’horlogerie de luxe, une entreprise de charcuterie… J’ai même songé à créer un fonds d’investissement spécialisé dans le redressement d’entreprises en difficulté. Mais sans jamais aboutir jusque-là.

Pourquoi ?

Henri Viard : Je pense que c’était lié à mon parcours de directeur administratif et financier. Il me manquait probablement cette expérience de directeur général, acquise chez Computacenter, qui m’a permis de tisser ce réseau relationnel avec l’écosytème IT et qui m’a apporté la crédibilité nécessaire auprès des investisseurs et des banques. D’une manière générale, l’aboutissement d’un tel dossier dépend de toute une série de conditions qui doivent être réunies simultanément. Cela s’apparente à une forme d’alignement des planètes.

Quelle forme a pris le rachat et quelle valorisation a été retenue ?

Henri Viard : Il s’agit d’un LBO (achat a effet de levier) classique avec la participation minoritaire d’un fonds d’investissement spécialisé [en l’occurrence IDF Capital] combiné à un concours bancaire pour le complément. Je me suis engagé à ne pas révéler le prix de la transaction.

CFI est une entreprise presque exclusivement tournée vers la distribution de produits avec une part de services limitée à environ 5% du chiffre d’affaires. N’est ce pas risqué d’investir dans une telle entreprise à l’heure où tout le monde s’accorde pour dire qu’hors des services point de salut ?

Henri Viard : Le business de la distribution est loin d’être mort. CFI a encore fait de la croissance en 2014 et quelle que soit l’évolution de l’industrie IT, on utilisera toujours des outils pour accéder à l’information. Outils qu’il faudra bien continuer à ditribuer et à maintenir. Mais je suis d’accord qu’il faudra adapter le business dans les années à venir. Louis Benoliel en était d’ailleurs conscient mais hésitait à le faire lui-même. Mais ce ne sera pas la révolution. On a du temps devant nous. L’évolution se fera par petites touches en faisant en sorte que l’on soit dans une vision partagée.

Votre arrivée remet-elle en question le management actuel ?

Henri Viard : Pas du tout. Je serai directeur général et Thierry Clabault directeur général délégué. Mais Gershon Cohen restera directeur des opérations et Joël Brahami, directeur commercial. Quant à Louis Benoliel, il devrait continuer à nous accompagner pendant encore quelques mois.