En lançant sa licence Windows par utilisateur Microsoft va récupérer des parts de marché sur les tablettes non Windows, prédit Mathieu Bourreau, directeur associé de Crayon. Mais attention à bien faire ses comptes.


Channelnews : Microsoft vient d’annoncer pour les clients sous contrat Entreprise une nouvelle licence Windows Enterprise tarifée à l’utilisateur. Un mode de calcul rompant avec l’approche purement orientée device en vigueur jusque-là. Qu’en pensez-vous de cette initiative ?

Mathieu Bourreau : C’est positif car cela répond à un besoin marché. Nous sommes régulièrement sollicités par des clients qui utilisent deux, voire trois ou quatre devices simultanément mais qui ne peuvent pas accéder à leurs applications d’entreprise depuis l’un d’eux eux car n’entrant pas dans le périmètre de l’accord Entreprise. C’est notamment le cas des tablettes ne faisant pas tourner Windows ou des clients légers. Pour ces terminaux, Microsoft propose certes une licence spécifique, la CDL (Companion Device License). Mais celle-ci, proposée environ 60 € par poste et par an, est considérée comme trop onéreuse par la plupart des entreprises. Désormais, pour les clients disposant de la software Assurance, le surcoût ne sera plus que de 12€ par an. À condition bien-sûr de souscrire à la mise à jour de Windows Pro OEM vers la version Entreprise.

Cette initiative va permettre de faciliter la connexion de multiples terminaux, y compris personnels, et rendre les scénarios de type cloud, virtualisation de poste de travail, BYOD, etc. plus accessibles pour les clients jusque-là bloqués par les limitations des Accords Entreprises. C’est un enjeu majeur pour Microsoft qui va récupérer des parts de marché sur les clients qui ont fait le choix de tablettes tierces. En s’assurant que ses softs tournent sur ces tablettes, l’éditeur s’ouvre des perspectives énormes – notamment sur Office 365 – car le nombre de terminaux à conquérir est très significatif. Pour Microsoft, c’est l’occasion de rattraper son retard à l’alumage sur les tablettes. C’est aussi la confirmation que Microsoft a changé de perspective : la bataille n’est plus celle des devices mais celle des utilisateurs.

Certains spécialistes se montrent très circonspects sur l’intérêt réel de cette initiative. Ils font valoir que cette licence par utilisateur ne suffira pas toujours pour accéder à certains terminaux auxquels une licence de type device s’appliquera malgré tout. D’une manière générale, cette flexibilité supplémentaire permise par cette licence à l’utilisateur aura un coût.

Mathieu Bourreau : C’est exact. Dans tous les cas de figure, il faudra s’acquitter au préalable de la mise à jour de Windows Pro OEM vers la version Entreprise avant de souscrire à la licence par utilisateur. Si celle-ci est peu onéreuse dans le cadre d’un Accord Entreprise, elle sera de l’ordre de 60 € par an sans Software Assurance. Et avant de généraliser la licence par utilisateur sur son parc, il faudra bien faire ses comptes car, si cela permet de prendre en compte plus de terminaux, cela peut aussi avoir pour conséquence de faire gonfler le nombre total d’utilisateurs en faisant entrer dans le périmètre de l’Accord Entreprise des utilisateurs qui n’étaient pas couverts jusque-là (notamment ceux utilisant uniquement une tablette non Windows ou un client léger).